Au Royaume-Uni, des milliers de condamnés sont libérés par anticipation pour faire de la place dans les prisons

Le gouvernement de Keir Starmer multiplie les annonces impopulaires. Après avoir décidé la suppression d’une allocation énergie pour les retraités, qui provoque des remous même dans ses rangs travaillistes, le premier ministre britannique s’est résolu à une mesure extrême. Mardi 10 septembre, 1 700 condamnés ont été libérés des prisons anglaises et galloises (l’Irlande du Nord et l’Ecosse disposent de leur propre système carcéral) avant même d’avoir purgé la moitié de leur peine – dès 40 % de la durée de leur condamnation effectuée. D’ici à fin octobre, jusqu’à 5 500 prisonniers devraient faire l’objet de cette disposition extraordinaire.

Il s’agit, pour le gouvernement britannique, de dégager d’urgence des places dans des établissements pénitentiaires saturés au moment où, à la suite des émeutes de juillet et août dans le pays, des centaines de personnes sont condamnées à des peines de prison ferme. « Je n’ai pas le choix, expliquait mardi Shabana Mahmood, la ministre de la justice, dans les colonnes du Daily Mirror. Quand je suis devenue ministre [en juillet], on m’a dit que nos prisons pouvaient être saturées à tout moment. Si cela advient, notre système judiciaire sera à l’arrêt. […] Tout est de la faute du dernier gouvernement tory [conservateur] qui a préféré provoquer une élection anticipée plutôt que faire face au problème. »

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon les derniers en date, publiés par le ministre de la justice vendredi 6 septembre, la population carcérale était à un plus haut historique début septembre, avec 88 521 personnes derrière les barreaux dans les prisons anglaises et galloises (1 159 de plus que début août) et seulement 1 098 places encore libres (1,2 % du total). La population carcérale n’a cessé d’augmenter ces dernières années à cause du nombre croissant de personnes en détention provisoire, les temps d’attente pour les procès n’ayant cessé d’augmenter depuis la pandémie de Covid-19. En mars, 19 % de la population carcérale était en détention provisoire. Les peines de prison sont, quant à elles, de plus en plus longues : plus de 32 200 personnes purgeaient des peines de quatre ans et plus en juin 2023 dans les prisons anglaises et galloises, 36 % de plus qu’en juin 2010.

Le dispositif de libération anticipée n’est pas entièrement nouveau : le gouvernement conservateur de Rishi Sunak a été contraint au même pis-aller, commençant à libérer à l’automne 2023 des prisonniers qui avaient effectué 50 % de leur peine. Mais cette mesure n’a pas suffi à désengorger les prisons et les travaillistes ont dû l’étendre en l’amplifiant. Pour rassurer les Britanniques face à une nouvelle décision forcément angoissante, le ministère de la justice a promis qu’aucune personne condamnée pour un crime violent, sexuel ou lié à des violences domestiques, ne serait libérée par anticipation.

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