Le social, parent pauvre de l’investissement responsable

En juin, l’association des épargnants du Secours catholique présente aux journalistes son assurance-vie à thématique sociale, Kaori-Vie. Au moment où les gérants détaillent les critères sociaux du portefeuille, une consœur demande si la position des entreprises sur l’avortement ou l’homosexualité compte.

Une question qui illustre la difficulté à définir une visée sociale consensuelle à un investissement. « Concernant les indicateurs environnementaux, c’est simple. L’objectif partagé vise à limiter les émissions de carbone. Mais sur le social, les ambitions peuvent être beaucoup plus diverses », résume François Soulage, président du comité d’éthique de Kaori.

Résultat, « l’offre de fonds sociaux est ridiculement petite comparée à celle sur l’environnement. On en compte environ 70 sur un total de 5 500 à thématique ESG (mettant l’accent sur les critères liés à l’environnement, au social et à la gouvernance) en Europe », dénombre Hortense Bioy, directrice de la recherche chez Morningstar Sustainalytics.

La collecte, elle, ne dépassait pas les 10 milliards d’euros au deuxième trimestre 2024, à comparer aux plus de 2 000 milliards sur les fonds ESG en Europe. « Le social correspond à un domaine parce qu’il est difficile à cerner. Sur des sujets comme l’éducation, l’emploi, la diversité, l’inclusion, la microfinance, le logement social, les droits de l’homme, les gens peuvent avoir des avis différents », avance Mme Bioy.

Certains thèmes fédèrent plutôt largement, comme l’épargne solidaire, indique Alexandre Lengereau, président du cabinet de conseil en investissement durable Amadeis. Le label Finansol, créé en 1997, récompense ces fonds et assurances-vie qui financent des entreprises non cotées et « dont les produits et services donnent accès au logement, au travail, à l’éducation, à la culture ou à la santé au sens large », détaille Isabelle Guénard-Malaussène, présidente du comité d’attribution du label.

Autre thème consensuel, celui du bien-être au travail. Certaines sociétés de gestion privilégient cette approche comme Sycomore avec son fonds Happy@Work. « La construction du portefeuille se fait sur des critères de turn-over du personnel, d’égalité professionnelle, d’accidents du travail, de salaire décent et d’épanouissement au travail », détaille M. Lengereau.

De même, le sujet de la création d’emplois durables est au cœur de la stratégie d’investissement de nombreux fonds, dont le plus gros et plus ancien de France, Insertion Emplois Dynamique. Créé par l’ancêtre de Mirova il y a trente ans et longtemps souscrit uniquement par des fonds de retraite et des assureurs, « il a connu un succès fulgurant auprès des particuliers une fois distribué par les Caisses d’épargne », se félicite Fabien Leonhardt, son gérant.

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