Peter Rough, directeur du Centre pour l’Europe et l’Eurasie à l’Hudson Institute, un cercle de réflexion conservateur situé à Washington, analyse les principes qui orienteront l’action de l’administration Trump en matière de politique étrangère. Le chercheur, engagé à droite, défend notamment la posture adoptée par le président lors de sa campagne.
L’équipe chargée de la sécurité nationale qui est en train de se dessiner reflète la grande coalition que Donald Trump a rassemblée durant sa campagne : il y a, à mes yeux, des nuances et des différences de positionnement entre chacun des profils annoncés. Par exemple, Marco Rubio [nommé secrétaire d’Etat] et Tulsi Gabbard [nommée à la direction nationale du renseignement] viennent d’horizons opposés, puisque cette dernière est issue du Parti démocrate. Je m’attends à ce que ces diverses parties débattent vigoureusement au sujet de l’Ukraine au sein de l’administration, avant que Trump ne prenne une décision sur la marche à suivre.
Quoi qu’il en soit, il n’y aura pas de continuité avec la politique menée par l’administration Biden, et son approche prudente, graduelle, de l’aide apportée à l’Ukraine. Le choix d’accompagner cette assistance de restrictions, comme l’interdiction d’utiliser des missiles à longue portée pour perturber les chaînes d’approvisionnement sur le territoire russe, a fait traîner les choses, car les Ukrainiens ne se sont jamais vraiment vu donner les moyens de l’emporter, sans être non plus abandonnés à une défaite certaine. Cela a aussi contribué, ces deux ou trois dernières années, à mettre l’économie domestique américaine sous pression pour financer les programmes d’aide à l’Ukraine, et cette question est devenue un enjeu politique brûlant. Je ne pense donc pas que la nouvelle administration poursuive dans cette voie.
Donald Trump a indiqué à plusieurs reprises vouloir négocier avec Moscou. Je prendrais ces déclarations au sérieux. La question sera de savoir s’il trouvera en Poutine un partenaire ouvert à la négociation. Peut-être un accord est-il susceptible d’être trouvé, mais, si les Russes se révèlent difficiles ou réfractaires à toute discussion, alors je ne serais pas surpris que Donald Trump se range derrière les Ukrainiens et qu’il les soutienne de manière véhémente.