Dans la vieille ville de Vilnius, rue Didzioji, trône un balcon de fer forgé sur la façade d’un élégant petit palais du XVIIe siècle transformé en hôtel cinq étoiles, l’Hôtel Pacai. C’est de ce balcon que Napoléon s’adressa à la population de la capitale du Grand-Duché de Lituanie en juin 1812, après avoir pris la ville à l’armée du tsar Alexandre Ier. Dans la ville, ses soldats avaient été accueillis en libérateurs.
Le séjour de Napoléon à Vilnius, bref mais marquant, ouvrit ce que les historiens locaux appellent la « période française », tragiquement suivie de la retraite de Russie et de son hécatombe. Rien que dans la région de Vilnius, pendant l’hiver, près de 37 000 soldats et officiers de la Grande Armée périrent de froid, de faim ou de maladie.
Il a fallu ensuite un peu plus de deux siècles pour que la France regagne les faveurs des Lituaniens, si l’on en croit Zygimantas Pavilionis, 53 ans, député et président de la commission des affaires étrangères du Parlement de la petite République balte, qui nous raconte autour d’un café l’épisode de Napoléon au balcon : lui-même fixe la date ce retour en grâce à 2020, lorsque le président Emmanuel Macron est venu à Vilnius et y a rencontré Svetlana Tsikhanovskaïa, dont le mari est emprisonné en Biélorussie voisine pour avoir voulu se présenter à l’élection présidentielle. Enfin, se félicite-t-il, la France, avec ce geste, renouait avec sa vocation révolutionnaire, après avoir avalé tant de couleuvres.