Dans son rapport de décembre 2024 sur « la politique d’accueil du jeune enfant », la Cour des comptes recommande de développer « la garde parentale, moins onéreuse pour les finances publiques » que la création de places d’accueil et elle préconise d’allonger le congé de maternité pour réduire la demande d’accueil. Le congé de paternité, lui, n’est pas évoqué.
En termes de parcours professionnel, le coût lié à la parentalité pèse sur les femmes et explique en partie les inégalités professionnelles entre femmes et hommes, comme l’a montré l’économiste Hélène Périvier qui parle du « risque maternité ». Si le congé maternité est évidemment nécessaire, il reste néanmoins un frein à la carrière. Tant que le sujet n’est pas réglé, son allongement ne ferait qu’accroître les discriminations et il ne peut pas être vu comme positif pour les femmes. Il est indispensable de considérer la situation dans sa globalité.
Proposer d’allonger le congé maternité en oubliant le congé paternité va à l’opposé d’une politique pour l’égalité et pour l’investissement des hommes auprès des enfants dès leur naissance. Alors qu’un tiers des pères ne prennent toujours pas leur congé paternité (même si cette part a un peu diminué depuis 2013), une proposition progressiste serait d’une part de rendre ce congé obligatoire, comme l’est en grande partie le congé maternité, cette disposition permettant d’éviter une éventuelle pression patronale pour y renoncer. Une autre possibilité serait d’allonger ce congé paternité, voire de le rendre égal au congé maternité, comme l’a fait l’Espagne en 2021 en accordant à chacun des parents seize semaines de congé, non transférables. Depuis, les études ont montré que les Espagnols prennent massivement ce congé, amorçant un réel changement culturel.
Alors que le président Macron a annoncé début 2024 vouloir relancer la natalité, refuser de créer des places d’accueil pour les jeunes enfants est tout sauf rationnel : elles sont déjà en nombre très insuffisant et la difficulté pour trouver un mode de garde est l’une des raisons identifiées pour expliquer la baisse de natalité.