Dimanche 26 janvier, des éléments des forces de défense du Rwanda (FDR), l’armée rwandaise, et du mouvement rebelle du M23 (« Mouvement du 23 mars ») entrent dans Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC). En quarante-huit heures, ils prennent possession de cette ville qui compte environ un million d’habitants et presque autant de personnes déplacées. En un éclair, l’architecture étatique congolaise à Goma s’effondre. Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), leurs milices supplétives et les sociétés militaires privées auxquelles l’Etat avait fait appel sont balayées.
Quelques jours seulement avant cette offensive, la prise de Goma semblait improbable. On disait que cette ville était un morceau trop gros à digérer par les rebelles. Militairement, le M23 et les FDR – environ 8 000 hommes, selon des estimations de l’Organisation des Nations unies (ONU) – ne feraient pas le poids face à plusieurs milliers d’hommes concentrés sur un petit territoire. Ils trouveraient sur leur route les quelque 10 000 hommes des FARDC basés à Goma, plusieurs milliers de soldats étrangers – casques bleus de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco), contingents sud-africains, entre autres, déployés par la Communauté de développement d’Afrique australe et deux sociétés militaires privées. Sans oublier, les mouvements patriotiques congolais regroupés au sein des « wazalendo » (milices) armés par le pouvoir.
On disait également que l’Alliance du fleuve Congo, de Corneille Nangaa, aile politique de la rébellion congolaise, ne disposait pas d’une assise populaire suffisante pour s’imposer. Aucune scène de liesse n’a d’ailleurs marqué son arrivée. La population attend, perplexe de voir qui incarne ce « nouveau régime » placé devant ses responsabilités : assurer la sécurité et faire tourner la ville.