« Le revirement des Etats-Unis sur l’Ukraine fait écho au calcul cynique qui fut à l’origine du pacte germano-soviétique de 1939 »

L’histoire ne se répète jamais, nous disent les sages, mais il lui arrive de rimer et de produire des échos. Pour peu que l’on ait de l’oreille, on a entendu bien des résonances ces dernières semaines, à commencer par de déplaisantes réminiscences du pacte germano-soviétique. Au cours de l’été 1939, l’Allemagne d’Hitler et l’Union soviétique de Staline opérèrent un alignement stratégique qui scandalisa le monde. Si leur pacte fut présenté comme un traité de non-agression – comme tant d’autres accords conclus dans les années 1930 –, son intention était tout sauf pacifique.

Il s’accompagnait d’un protocole secret qui délimitait les sphères d’influence allemande et soviétique en Europe de l’Est, ce qui mena directement à l’invasion de la Pologne par Hitler et au déclenchement de la seconde guerre mondiale. Pour les deux signataires, c’est la realpolitik – la recherche froide et pragmatique de l’intérêt national – qui prévalait : leur antagonisme idéologique importait moins que leur volonté commune d’abolir l’ordre issu de la première guerre mondiale.

Quand on voit ses répercussions, on peut s’étonner que le pacte germano-soviétique reste si mal compris en dehors de l’Europe centrale et orientale, et qu’il soit trop souvent relégué au rang de détail de l’histoire. Il s’agit pourtant d’un événement décisif, qui donna le feu vert à la destruction de la Pologne et fit passer de vastes pans de l’Europe de l’Est – notamment les Etats baltes et la partie orientale de la République polonaise – sous contrôle soviétique. Au bas mot, il eut un impact direct sur la vie de quelque 50 millions de personnes.

De surcroît, le pacte marqua la résurgence du concept de sphère d’influence, condamnant de fait les territoires situés entre ses deux signataires à une rude leçon de realpolitik. Il inaugura une ère où la force primait sur le droit et où la souveraineté et l’indépendance n’étaient plus que des notions abstraites, dépendant des caprices de la grande puissance voisine.

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