Dans les jours et semaines qui ont suivi la chute du dictateur Bachar Al-Assad, des centaines de Syriens ont ouvert les portes des infrastructures répressives de l’État. Dans les prisons et hôpitaux de l’appareil militaire, ils ont découvert ce que de nombreux témoins avaient déjà décrit : une machine à emprisonner, torturer et tuer rebelles et opposants par milliers.
Pour le régime, c’est autant de corps qu’il a fallu enterrer. Plusieurs fosses communes ont été creusées à travers le pays. C’est ce que montrent des dizaines de vidéos authentifiées et géolocalisées par « Le Monde ». Filmées par témoins et journalistes, elles montrent des restes humains exhumés de longues tranchées ou de plus petits charniers à travers le pays, le plus souvent à proximité de bases militaires de l’armée syrienne.
Ces découvertes alimentent l’espoir des familles de retrouver leurs proches disparus, mais génèrent aussi des complications : les sites sont fouillés par les personnes qui les trouvent, et les ossements sont parfois manipulés, déplacés voire mélangés, ce qui compromet leur intégrité en tant que preuves.