Les députés, qui devaient examiner lundi 30 juin la réforme de l’audiovisuel public voulue par la ministre de la culture, Rachida Dati, ont voté en faveur d’une motion de rejet du texte (94 pour, 38 contre), mettant fin prématurément aux débats.
A la surprise générale, le Rassemblement national (RN) a joint ses voix à celles de la gauche, face aux rangs clairsemés de la coalition gouvernementale. Le texte va désormais pouvoir repartir en deuxième lecture au Sénat.
La réforme, combattue avec force par les syndicats de l’audiovisuel public, prévoit de créer le 1er janvier 2026 une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l’INA (Institut national de l’audiovisuel), sous l’autorité d’un président-directeur général.
« C’est un immense revers pour Rachida Dati et elle le mérite, parce que sa réforme était mal préparée », s’est félicité le député socialiste Emmanuel Grégoire, qui ambitionne d’affronter Mme Dati à Paris lors des élections municipales de mars 2026.
Pour le RN, le vote de la motion était une manière d’abréger les débats, alors que près de 1 300 amendements avaient été déposés, principalement par la gauche. « Il y en a marre de voir la gauche faire de l’obstruction systématique sur quasiment tous les textes dans l’hémicycle », a expliqué à la presse le député RN Philippe Ballard.
Le député du groupe MoDem Erwan Balanant a, lui, regretté un « gâchis démocratique » et un « gâchis pour l’audiovisuel », alors même que son groupe avait des « réticences » sur le texte.
« La gauche ne voulait pas débattre. C’est une étape franchie. Le texte ira plus vite au Sénat », a commenté le cabinet de la ministre auprès de l’Agence France-Presse.
Le premier ministre, François Bayrou, a apporté son soutien à la réforme, dimanche. Les syndicats de l’audiovisuel public, eux, sont mobilisés pour la combattre. Ceux de Radio France ont lancé un mouvement de grève illimitée dès jeudi, le jugeant « extrêmement dangereux », tant pour l’avenir des salariés que pour l’indépendance de l’information. A France Télévisions et à l’INA, les syndicats ont appelé à la grève à partir de lundi.
Pierre Mouchel, secrétaire général SNRT CGT à France Télévisions, a estimé auprès du Monde que l’adoption de la motion de rejet était « un terrible camouflet pour Rachida Dati, qui devrait en tirer les leçons pour la suite en abandonnant ce projet ». Le vote de lundi « traduit l’absence totale de consensus sur une réforme malhonnête », a renchéri Soraya Morvan-Smith, journaliste à France 24 et secrétaire générale adjointe SNJ-CGT.