France - Algérie : en 1973, Marseille et le Sud-Est dépassés par une flambée raciste

La peur. Cinquante-deux ans plus tard, le sentiment remonte vite à la surface lorsqu’on évoque l’été 1973 avec ceux, Algériens d’origine, qui ont vécu cette période étouffante à Marseille. Cette année-là, à partir du 25 août, une vague d’agressions et de crimes racistes visant les Maghrébins submerge la deuxième ville de France et sa région. Le nombre en restera toujours incomplet. A l’époque, les autorités françaises en nient régulièrement le caractère xénophobe. Et les journaux locaux les attribuent souvent à de fantaisistes « rixes communautaires ».

En croisant sources préfectorales et médiatiques, la sociologue Rachida Brahim recense, dans son ouvrage La race tue deux fois. Une histoire des crimes racistes en France (1970-2000) (Syllepse, 2021), une cinquantaine d’attaques en moins de quatre mois, provoquant la mort de 17 personnes. Les victimes sont des travailleurs immigrés vivant dans des foyers, des bidonvilles ou des cités d’urgence, des adolescents sortis quelques minutes de chez eux, des pères, des frères. Aucune femme.

« Cet été-là, toutes les familles algériennes interdisaient aux garçons de sortir. Le soir, en rentrant, ma mère léchait le bras de mes frères pour vérifier qu’ils n’étaient pas allés se baigner à la mer ou dans le canal sans le lui dire », se rappelle Hanifa Taguelmint, 11 ans à l’époque. Mustapha Mohammedi, 77 ans aujourd’hui, une vie de militant, se souvient avoir « découvert la peur » en débarquant d’Oran, fin août 1973. Sur les murs de Marseille, affiches et graffitis clament alors « Halte à l’invasion », « Les Arabes dehors »…

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