« La diplomatie de Donald Trump, hâtivement qualifiée, à tort, d’isolationniste, est interventionniste, y compris là où on ne l’attend pas »

Donald Trump ne prétend pas être un spécialiste du conflit entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC) mais il en sait deux choses : « Ils se sont battus pendant des années et il y avait des machettes. » Ce n’est pas faux, mais le raccourci, formulé, vendredi 27 juin, pour saluer l’accord de paix conclu entre les deux pays par l’entremise des Etats-Unis, est un peu rapide pour une guerre qui a fait plusieurs millions de morts depuis près de trente ans, et pas seulement avec des machettes. En réalité, le président des Etats-Unis sait au moins deux autres choses de cette région, qui expliquent, en grande partie, son implication inattendue dans la négociation : elle regorge de minerais critiques et la Chine y est très investie.

Hâtivement qualifiée, à tort, d’isolationniste, la diplomatie trumpiste est active, brouillonne, interventionniste, y compris là où on ne l’attend pas. Son concept de « paix par la force », dans la pratique, est une diplomatie du deal menée par quelques hommes de confiance du président, dans laquelle les objectifs économiques jouent un rôle important et qui n’exclut pas l’usage de la force, comme on l’a vu avec les frappes contre l’Iran. Une diplomatie du cessez-le-feu beaucoup plus que de l’accord de paix juste et durable.

Le président américain continue, certes, de buter sur les deux gros dossiers qu’il promettait de régler à son retour à la Maison Blanche, l’Ukraine et Gaza, mais ses émissaires ne chôment pas, tous azimuts. Le fidèle Steve Witkoff, venu comme son patron de l’immobilier new-yorkais, est au four et au moulin : Gaza, l’Ukraine, la Russie, l’Iran.

Plus classique, le général Keith Kellogg, théoriquement chargé de l’Ukraine, vient de faire une escapade à Minsk, où il a obtenu du dictateur Alexandre Loukachenko, vassal de Vladimir Poutine, la libération de 14 détenus politiques, dont l’opposant Sergueï Tsikhanovski, méconnaissable après cinq ans d’emprisonnement. Il en reste plus d’un millier, aussi maltraités que lui, dans les geôles biélorusses et nul ne sait si le passage du général Kellogg aura une suite.

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