Bernard Haykel enseigne au département des études moyen-orientales de l’université de Princeton, aux Etats-Unis. Ce spécialiste de la péninsule Arabique rédige actuellement un ouvrage consacré à l’histoire moderne de l’Arabie saoudite et à l’ascension du prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman.
Israël s’est débarrassé du système d’alliance iranien qui lui faisait face. Les responsables israéliens veulent vraiment reconfigurer toute la région. Pour y parvenir, il faut affaiblir, ou peut-être même détruire, voire remplacer, le régime iranien.
Après les succès obtenus contre les gardiens de la révolution en Syrie [le bombardement du consulat iranien à Damas, en 2024], et après ceux contre le Hezbollah au Liban, Israël a vu que les attaques iraniennes contre son territoire, en avril et en octobre 2024, n’étaient pas très puissantes et qu’il avait la capacité d’en limiter les effets. Cela a incité les responsables israéliens à pousser leur avantage.
Au cours des premières vingt-quatre heures de l’attaque du 13 juin, même si les buts principaux étaient le nucléaire et le système d’armes balistiques, les Israéliens ont obtenu de tels résultats qu’ils ont été entraînés vers d’autres ambitions – ce que l’on appelle en anglais le mission creep [« expansion de la mission »]. C’est ce qui les a poussés à évoquer un changement de régime.