C’est une chambre d’étudiant comme il en existe tant. Un lit une place dans un coin, un bureau dans l’autre. Une kitchenette coincée dans l’entrée et une petite salle de douche. A peine 15 mètres carrés au total, mais sur les murs, ce sont toutes les passions de Sacia qui s’affichent. Des reproductions de grands maîtres – Picasso, Pissaro, Modigliani… – découpées dans de vieux magazines. Des dessins et des peintures qui sont ses créations. Une petite bibliothèque surchargée. « Il n’y a qu’un seul livre de chimie », plaisante la jeune fille avec une pointe de culpabilité.
Il faut dire que Sacia, 22 ans, est étudiante en troisième année de licence de chimie à l’université Paris Cité. Elle a quitté son village de Kabylie il y a trois ans. « Dans ma région, c’est une étape qui vient naturellement. Après le bac, beaucoup de jeunes postulent pour venir étudier en France », explique-t-elle. La chimie a surtout été pour elle un choix de raison dans un pays, l’Algérie, où les perspectives d’emploi sont réduites. Ses parents – son père est restaurateur, sa mère, ancienne biologiste devenue femme au foyer – ne l’ont forcée à rien. Ils lui ont juste dit : « L’essentiel : ne fais pas d’études de lettres ! » Sous-entendu, tu n’auras aucun débouché. Très bonne élève, Sacia a été prise facilement à Paris Cité après une première année à l’université des sciences d’Alger. En septembre 2022, elle a débarqué à Paris avec ses deux valises. « J’étais tellement heureuse et motivée. Je me disais : je suis à Paris, j’ai réussi quelque chose ! », se souvient-elle.