Une jeune femme passe des heures à fixer un écran d’ordinateur, un imposant Mac, qu’elle s’est procuré quelques années plus tôt pour sa thèse de lettres modernes. Après ces séances de vaine contemplation, elle se jette sur son lit, désespérée. Avant de retourner à sa table de travail, puis de revivre la même scène, encore et encore. Il lui faudra tâtonner pour trouver comment écrire son premier roman, Dernières promenades à Petropolis (Seuil, 1990 ; réédité chez Points sous le titre L’Adieu à Stefan Zweig, 2013).
C’est en partie en souvenir de celle qu’elle fut, à l’orée de la trentaine, habituée à tenir un journal intime et à rédiger des textes universitaires, mais démunie au moment de s’atteler à un roman, que Belinda Cannone a imaginé Comment écrivent les écrivains. Un essai vivant et riche, pour lequel l’ancienne maîtresse de conférences en littérature comparée, férue de « transmission », a interrogé une quinzaine d’auteurs d’âges divers, s’illustrant dans des genres littéraires différents, afin de sonder aussi précisément que possible leurs habitudes de travail : horaires, rituels, outils, lieux, premiers relecteurs… Nathalie Azoulai, Jean-Christophe Bailly, Miguel Bonnefoy, Emmanuel Carrère, François-Henri Désérable, Jean Echenoz, Jérôme Garcin, Cécile Guilbert, Lilia Hassaine, Marie-Hélène Lafon, Gérard Macé, Nicolas Mathieu, Marie NDiaye, Maria Pourchet et Jean-Pierre Siméon se confient sur les règles qu’ils s’imposent (ou pas), et que l’autrice met en regard de ses propres pratiques et marottes.