Il y a tout juste un demi-siècle, en 1975, pour satisfaire les demandes de visibilité d’un sponsor, Jacques Goddet et Félix Lévitan, les patrons de la Grande Boucle de l’époque, ont décidé de faire porter un maillot distinctif blanc à pois rouges au leader du classement du meilleur grimpeur. Le design de cette tunique s’inspire des casaques des jockeys et est un hommage à Henri Lemoine, un coureur qui a brillé dans les épreuves sur piste de la fin des années 1920 au début des années 1950 et qui portait un maillot à pois.
Le classement du meilleur grimpeur du Tour de France existe, quant à lui, depuis 1933. Son principe est le suivant : au sommet des principales ascensions de la Grande Boucle, qui sont classées en cinq catégories par les organisateurs, des points sont attribués aux premiers coureurs franchissant le sommet. Plus une ascension est difficile, plus elle rapporte de points.
Les principales ascensions du Tour de France sont classées en cinq catégories : 4e catégorie, 3e catégorie, 2e catégorie, 1re catégorie et hors catégorie, des plus simples aux plus ardues.
Pour réaliser cette classification, les organisateurs du Tour attribuent à chaque ascension un coefficient de difficulté, selon le calcul suivant : pourcentage de la pente au carré multiplié par la distance. Pour le mont Ventoux (Vaucluse), au programme de la 16e étape de l’édition 2025, par exemple, cela donne ce résultat : 8,52 × 15,7 = 1 134,325.
Le barème suivant est ensuite appliqué : les ascensions de 4e catégorie sont celles avec un coefficient de difficulté compris entre 35 et 79 ; 3e catégorie, de 80 à 179 ; 2e catégorie, de 180 à 249 ; 1re catégorie, de 250 à 599 ; hors catégorie, plus de 600.
Mais les organisateurs décident parfois de modifier à la marge cette classification en fonction du positionnement d’une ascension sur le parcours d’une étape, notamment. Ainsi, un col avec un coefficient de difficulté correspondant aux ascensions de 2e catégorie peut être surclassé en 1re catégorie s’il est situé dans les derniers kilomètres d’une longue étape. L’état de la route ou sa largeur et l’altitude peuvent aussi justifier un changement de catégorie. Tout comme l’aspect historique d’une ascension : ainsi, le col du Galibier (entre la Savoie et les Hautes-Alpes), où se sont écrites quelques-unes des plus belles pages du Tour – mais qui ne figure pas au programme de cette 112e édition – est classé en hors catégorie, alors qu’il n’est pas une des ascensions les plus difficiles.
Le système en vigueur sur la Grande Boucle, qui a donc sa part de subjectivité, ne fait pas figure de barème universel pour les autres courses du calendrier international, ni même sur les deux autres grands tours (Vuelta et Giro). Il constitue toutefois une référence, en raison du rayonnement international de l’épreuve.
Au classement du meilleur grimpeur, les ascensions de 4e catégorie rapportent un seul point au coureur qui passe en tête au sommet. Celles de 3e catégorie rapportent 2 points au premier et 1 à son poursuivant. Dans les cols ou côtes de 2e catégorie, le premier empoche 5 points ; 3, 2 et 1 points sont attribués aux coureurs suivants. Au sommet des ascensions de 1re catégorie, le barème est de 10 points pour l’homme de tête, puis 8, 6, 4, 2 et 1 points pour ceux qui suivent.
En 1979, pour mettre en valeur les ascensions les plus ardues, les organisateurs ont créé un cinquième jalon, le hors catégorie. Le coureur en tête au sommet remporte 20 points. Les poursuivants empochent 15, 12, 10, 8, 6, 4 et 2 points.
Il arrive occasionnellement que les points attribués au sommet d’une ascension située à l’arrivée d’une étape soient doublés. Ce sera le cas lors de ce Tour 2025 au col de la Loze (Savoie), le plus haut sommet de cette édition (2 304 mètres d’altitude), où sera jugée l’arrivée de la 18e étape, le 24 juillet.
Un coureur franchissant en tête un col hors catégorie empoche 800 euros, contre 450 euros et 300 euros pour les deux suivants. Ces primes sont respectivement de 650 euros, 400 euros et 150 euros pour les trois premiers au sommet des ascensions de 1re catégorie. Les cols de 2e catégorie rapportent 500 euros et 250 euros aux deux premiers au sommet. Dans les ascensions de 3e et 4e catégories, un seul coureur est récompensé – par une prime de 300 euros dans le premier cas, de 200 euros dans le second.
Chaque jour, le porteur du célèbre maillot blanc à pois rouge reçoit un bonus de 300 euros. Enfin, les huit premiers du classement final du classement du meilleur grimpeur touchent des primes allant de 25 000 euros pour le vainqueur à 2 000 euros pour le dernier des récompensés (le 8e du classement). Au total, les dotations versées par l’organisateur dans le cadre de ce classement se montent à 109 500 euros.
Sur cette année 2025, les meilleurs grimpeurs empocheront d’autres primes exceptionnelles. Le premier coureur au sommet du col du Tourmalet (Hautes-Pyrénées, 14e étape) remportera 5 000 euros, en souvenir de Jacques Goddet, directeur du Tour entre 1937 et 1988. Le même montant sera attribué au coureur qui franchira le premier le sommet du col de la Loze (18e étape), en souvenir cette fois du créateur de la Grande Boucle, Henri Desgrange.
Pour la 112e édition du Tour de France qui marque les 50 ans du maillot à pois, une prime spéciale de 5 000 euros sera versée au premier coureur à atteindre 50 points au classement général du meilleur grimpeur.
Il est à noter que les as des ascensions n’empochent pas directement leurs primes, puisque celles-ci sont partagées entre tous les membres de leurs équipes.
Depuis sa création, le classement du meilleur grimpeur a souvent été une histoire tricolore. Les Français l’ont remporté à 23 reprises, soit 5 de plus que les Espagnols (18 victoires finales) et 10 de plus que les Italiens (13). Avec sept succès à lui seul, Richard Virenque est le recordman du nombre de victoires au classement final (1994, 1995, 1996, 1997, 1999, 2003, 2004). Le Français, ancien leader de l’équipe Festina (exclue du Tour pour dopage en 1998), devance le Belge Lucien Van Impe, meilleur grimpeur à 6 reprises (1971, 1972, 1975, 1977, 1981, 1983) et premier porteur de la tunique distinctive en 1975, et l’Espagnol Federico Bahamontes (1954, 1958, 1959, 1962, 1963, 1964).
Plus récemment, des coureurs tricolores de premier plan se sont taillé une belle popularité sur les routes du Tour en remportant ce classement annexe, qui garantit une place sur le podium final de l’épreuve, notamment Thomas Voeckler (2012), Warren Barguil (2017), Julian Alaphilippe (2018) et Romain Bardet (2019).