Entre Lula et les démocraties occidentales, des dissensions aux causes profondes

« Déception » : depuis plusieurs années, le mot revient avec insistance dans la bouche des diplomates occidentaux à propos du positionnement de Luiz Inacio Lula da Silva sur la scène internationale. Il affleure dans les articles de la presse anglophone, de Foreign Affairs à The Economist, et s’est même retrouvé, à Paris, à la une de Libération en juin 2023. En cause : le rapport de plus en plus tendu que le président brésilien entretient avec ses alliés traditionnels, en particulier au sujet de la guerre en Ukraine.

Le contentieux est apparu au grand jour dès mai 2022, six mois avant la réélection du tribun de gauche à la tête de son pays. Dans une interview au magazine Time, Lula torpille Volodymyr Zelensky, qu’il juge « aussi responsable » du conflit que le chef de l’Etat russe, Vladimir Poutine. Avec un mépris non dissimulé, il renvoie le président ukrainien à son passé de music-hall : « On devrait lui dire sérieusement : “Tu es un bon artiste, mais on ne va pas faire une guerre pour que tu puisses te donner en spectacle.” »

Depuis, Lula ne s’est ni rétracté ni excusé, suggérant à Kiev de renoncer à la Crimée et accusant les Occidentaux d’« encourager la guerre ». « J’ai dit ce qu’il fallait dire au moment opportun », affirmait-il au mois de juin dans un entretien au Monde. La déclaration finale du sommet des pays émergents, les BRICS, qui s’est tenu du 6 au 7 juillet à Rio de Janeiro, évite soigneusement de condamner l’invasion de l’Ukraine, se contentant de dénoncer les frappes de Kiev contre les régions russes. Un parti pris flagrant, qui porte la marque du Brésilien.

L’Ukraine est loin d’être le seul sujet de contentieux. L’ancien syndicaliste dénonce l’impuissance voire la complicité des Occidentaux face aux crimes israéliens à Gaza, qu’il qualifie de « génocide ». Il dénonce le protectionnisme voilé et l’attitude « néocoloniale » de l’Union européenne (UE) dans ses négociations commerciales avec le Mercosur. Le 6 juillet, depuis Rio, il a condamné les bombardements de Washington, en juin, contre l’Iran, et vitupéré contre la « course aux armements » des Européens. « Il est toujours plus facile d’investir dans la guerre que dans la paix », a regretté le dirigeant brésilien.

Recomendar A Un Amigo
  • gplus
  • pinterest
Commentarios
No hay comentarios por el momento

Tu comentario