La question n’est pas nouvelle, mais elle taraude plus que jamais les Européens, sur fond d’échec des négociations esquissées par Donald Trump entre la Russie et l’Ukraine. Comme le conflit n’en finit pas, le Vieux Continent peut-il dans la durée amplifier son soutien à Kiev, afin de compenser le retrait prévisible et redouté de l’appui américain ? L’interrogation est d’autant plus forte que l’administration Trump souffle le chaud et le froid sur ses intentions : un jour, le Pentagone suspend la livraison de certains équipements indispensables pour protéger le ciel ukrainien contre les attaques russes, incessantes ; le surlendemain, le président républicain promet d’envoyer « plus d’armes défensives » après s’être dit « mécontent » de l’attitude de Vladimir Poutine.
Seul problème, le paquet d’aide mis sur les rails par l’administration Biden arrive bientôt à son terme. Or, la Russie pousse son avantage sur le terrain et multiplie les frappes contre les principales villes du pays, afin de saper le moral de sa population. Dans la nuit du mardi 8 au mercredi 9 juillet, l’armée russe a mené sa plus grande attaque de drones et de missiles depuis le début de l’invasion en février 2022.
« L’aide militaire américaine est de l’ordre de 30 milliards de dollars par an, soit 25 milliards d’euros. Ce n’est donc pas un défi herculéen, sur le plan financier, de s’y substituer, juge François Heisbourg, conseiller spécial à la Fondation pour la recherche stratégique. L’effort est même beaucoup plus faible que l’augmentation des budgets de défense à laquelle les Etats membres de l’OTAN se sont engagés au sommet de La Haye en vue d’y consacrer 5 % de leur PIB. D’un point de vue financier, c’est tout à fait faisable. »
Au fil des déclarations de Trump, les dirigeants européens se mobilisent depuis des mois pour relever le défi, que ce soit dans le cadre de l’Alliance atlantique, au sein de l’Union européenne ou à titre bilatéral. « Les Européens ne vont jamais abandonner l’Ukraine. Jamais », a de nouveau martelé Emmanuel Macron devant le Parlement britannique, au premier jour de sa visite d’Etat, à Londres, mardi, sous les applaudissements nourris des élus de Westminster.