Au Sénégal, le premier ministre, Ousmane Sonko, critique ouvertement le président, Bassirou Diomaye Faye

Le premier ministre, Ousmane Sonko, a vivement critiqué le président, Bassirou Diomaye Faye, pourtant son allié de longue date, pour le présumé manque de soutien de celui-ci face aux « attaques » dont il dit faire l’objet, et a dénoncé un « problème d’autorité » au Sénégal, lors d’une réunion de son parti jeudi 10 août. Se disant la cible de « haine » et « d’attaques », M. Sonko a estimé qu’elles témoignaient d’une « faille au sein de [leur] parti politique », le Pastef (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité), au pouvoir.

« Pourquoi cette haine contre Ousmane Sonko ? Parce que ces gens pensent que je suis le verrou qui les empêche d’atteindre leur objectif. Ne vous détrompez pas, tout ce qui les intéresse, c’est le pouvoir », a-t-il lancé. « Pourquoi notre parti politique n’a aucune réaction face à ces attaques ? Parmi les membres du parti, il y en a même qui ont déjà commencé à mettre sur pied leur propre plan, cherchant à créer des clans au sein du parti », a fustigé M. Sonko.

Le premier ministre a été régulièrement accusé depuis ces derniers mois par des militants, des opposants et des membres de la société civile de vouloir faire taire toute voix discordante au Sénégal. Ils lui reprochent aussi le non-respect de ses promesses.

Ousmane Sonko a précisé s’être rendu « en personne » auprès du président pour évoquer les attaques dont il dit faire l’objet. « Il peut arrêter ces attaques contre ma personne quand il le souhaite. Pourquoi ne le fait-il pas ? Ça, c’est une autre question. Si c’était moi le président, les choses ne se passeraient pas comme ça. Je crois qu’après tout ce qu’on a traversé ensemble, on doit nourrir les mêmes sentiments l’un pour l’autre », a-t-il asséné.

« Le peuple sénégalais ne nous a pas élus pour qu’on cherche à plaire à la société civile ou à l’opposition », a-t-il encore dit. « Le Sénégal n’a pas de crise. Le Sénégal a un problème d’autorité. Il faut donc qu’on prenne nos responsabilités », a-t-il lancé.

MM. Faye et Sonko, tous les deux emprisonnés sous le régime de l’ancien président Macky Sall, sont pourtant considérés comme des compagnons de longue date. Haut fonctionnaire de l’administration des impôts et domaines, où il a fait la connaissance d’Ousmane Sonko, M. Faye a franchi discrètement les étapes dans l’ombre de ce dernier.

M. Sonko, figure dominante de la politique sénégalaise depuis ces dernières années, a été nommé premier ministre en avril 2024, au lendemain de la victoire de son second et bras droit, Bassirou Diomaye Faye, à la présidentielle, qu’il avait fait élire après que sa propre candidature eut été invalidée, avec le slogan électoral devenu célèbre au Sénégal : « Diomaye = Sonko ». M. Faye est alors devenu le plus jeune président du Sénégal.

Depuis son arrivée au pouvoir par une éclatante victoire, portée par la promesse d’une rupture, le duo a prôné le souverainisme et le panafricanisme. Mais les nouvelles autorités affirment que leur action politique est limitée par l’état « catastrophique » dans lequel elles disent avoir trouvé le pays.

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