L’offensive d’Israël à Gaza ne faiblit pas. Soutenues par l’artillerie et l’aviation, les troupes israéliennes poursuivent sans relâche, mercredi 10 juillet, une offensive majeure dans l’enclave palestinienne. Pour la quatrième fois en autant de jours, une frappe israélienne a touché mardi soir une école abritant des déplacés à Abassan, près de Khan Younès, dans le sud du territoire, faisant 29 morts dont des enfants, selon une source médicale et le Hamas. L’armée israélienne a dit viser des « terroristes » dans ces raids.
A l’hôpital Nasser, où les victimes de la frappe d’Abassan ont été transférées, de nombreux blessés ont été transportés par leurs proches, à pied, dans des camionnettes ou des ambulances, selon des images de l’Agence France-Presse (AFP).
Des sources médicales ont fait état de six morts mercredi matin dans la bande de Gaza. A l’hôpital des martyrs d’Al-Aqsa, à Deir Al-Balah (Centre), « quatre martyrs et un blessé grave » étaient arrivés après une frappe sur une maison près de Nousseirat, selon les mêmes sources. Plus au sud, deux morts et six blessées ont été transférés à l’hôpital Nasser de Khan Younès, d’après une source médicale. Le Croissant-Rouge palestinien a affirmé que ses ambulances ne pouvaient atteindre les victimes à Gaza en raison de l’intensité des bombardements.
L’offensive israélienne à Gaza a fait jusqu’à présent 38 295 morts, en majorité des civils, selon le ministère de la santé de la bande de Gaza, administrée par le Hamas. Côté israélien, 1 195 personnes ont perdu la vie, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles. Sur 251 personnes alors enlevées, 116 sont toujours retenues à Gaza dont 42 sont mortes. Selon l’armée israélienne, 681 soldats israéliens ont également été tués depuis le début de l’offensive, le 7 octobre 2023.
Après avoir affirmé en janvier avoir démantelé le commandement du Hamas dans le nord de Gaza, l’armée a repris ces derniers jours ses opérations terrestres dans cette région. Elle y a largué des tracts appelant « toutes les personnes » dans la ville de Gaza à partir vers le sud, disant poursuivre ses « opérations antiterroristes » dans cette ville ainsi qu’à Rafah (Sud).
L’armée israélienne a débuté sa nouvelle offensive dans la ville de Gaza le 27 juin, en appelant les habitants du quartier est de Chadjaya à quitter les lieux puis a étendu en début de semaine ses appels à plusieurs quartiers du centre-ville tels que Rimal, poussant des dizaines de milliers de personnes à fuir, d’après l’ONU.
Mardi, le bureau des droits de l’homme de l’ONU s’est dit « consterné » par les nouveaux appels israéliens qui encouragent « à fuir vers des secteurs où les opérations militaires de l’armée sont en cours ». Selon Philippe Lazzarini, commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), « il n’y a absolument aucun endroit sûr » dans le territoire palestinien, où l’eau et la nourriture manquent, et où les habitants vivent dans des conditions « désastreuses ».
« Nous avons à nouveau environ 350 000 personnes sur les routes. Et, depuis le début de la guerre, presque tous les habitants de Gaza ont été déplacés une fois, deux fois, trois fois, quatre fois ou cinq fois », a souligné M. Lazzarini.
Après des mois de négociations sans résultat sur un cessez-le-feu, une source proche des discussions a affirmé que les chefs de la CIA et des services de renseignement israélien étaient attendus mercredi à Doha, au Qatar. Le Hamas doit participer aux prochaines négociations, selon un responsable du groupe. Le bureau du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a affirmé que « tout accord devrait permettre à Israël de se battre jusqu’à ce que tous les objectifs de la guerre soient atteints », dont la destruction du Hamas.
Un responsable du mouvement islamiste, Hossam Badran, a, lui, déclaré à l’AFP que l’« intensification » des « massacres » israéliens à Gaza avait pour effet de renforcer les exigences du Hamas. M. Badran a estimé qu’Israël tentait « de faire pression sur les négociations en intensifiant les bombardements (…) en espérant que [le Hamas] renoncera à ses demandes légitimes ». « Mais [il] obtiendra le résultat inverse, car les massacres nous poussent à nous accrocher à nos exigences concernant l’arrêt de la guerre et le retrait [des forces israéliennes] de Gaza », a-t-il souligné.