Dans un entretien accordé au quotidien italien La Repubblica, le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié pour la première fois de « génocide » la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza. « J’ai refusé pendant des années d’utiliser ce terme : “génocide”. Mais maintenant je ne peux pas m’empêcher de l’utiliser, après ce que j’ai lu dans les journaux, après les images que j’ai vues et après avoir parlé avec des personnes qui y ont été », dit-il dans cette interview, publiée le vendredi 1er août.

L’auteur de 71 ans, dont les œuvres ont été traduites en de nombreuses langues, dont le français, l’anglais ou l’italien, dit devoir « constater ce qui se passe devant [ses] yeux » avec « une douleur immense et le cœur brisé ». Le terme de génocide est pour lui un « mot avalanche » qui, une fois prononcé « ne fait que grossir » et « apporte encore plus de destruction et de souffrance ». « Je veux parler comme une personne qui a fait tout ce qu’elle pouvait pour ne pas en arriver à qualifier Israël d’Etat génocidaire », assure ce militant de la gauche pacifiste israélienne.

M. Grossman ajoute qu’il se « sen[t] mal » lorsqu’il lit les chiffres sur les morts à Gaza. Depuis le 7-Octobre, au moins 60 430 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza, et plus de 148 700 ont été blessées, selon les données du ministère de la santé de l’enclave, administrée par le Hamas. Selon la même source, la famine imposée par Israël dans le territoire palestinien a tué au moins 169 personnes, dont 93 enfants.

« Mettre ensemble les mots “Israël” et “famine”, le faire en partant de notre histoire, de notre supposée sensibilité aux souffrances de l’humanité, de la responsabilité morale que nous avons toujours dit avoir envers chaque être humain et non seulement envers les juifs… tout cela est dévastateur », poursuit M. Grossman.

A contre-courant de la position du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester « désespérément fidèle » à l’idée de deux Etats, la Palestine et Israël, « principalement parce que je ne vois pas d’alternative », saluant dans ce contexte la volonté du président français, Emmanuel Macron, de reconnaître en septembre l’Etat palestinien.

En Israël, les propos du chef de l’Etat français, sur la reconnaissance d’un Etat palestinien comme sur le blocus de l’aide humanitaire à Gaza, avaient déclenché une véritable offensive de la part gouvernement. Le ministère des affaires étrangères israélien avait ainsi dénoncé la « croisade du président Macron contre l’Etat juif » tandis que Benyamin Nétanyahou l’accusait de « récompenser la terreur ». « Je trouve que c’est une bonne idée », a, pour sa part, réagi l’écrivain, disant ne pas comprendre « l’hystérie avec laquelle elle a été accueillie en Israël ».

Mais la solution à deux Etats soutenue par M. Grossman devra « avoir des conditions précises » : « Pas d’armes. Et la garantie d’élections transparentes dont sera exclu quiconque pense à utiliser la violence contre Israël », conclut-il.

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