« Je n’avais jamais vu le printemps. Les arbres en fleurs, les oiseaux qui chantent. Voilà mon premier souvenir de la France. Les tilleuls immenses de l’avenue Gambetta, le fond de l’air froid malgré le soleil, et le pollen qui tombe sur mes vêtements, mes cheveux. En Colombie, je ne connaissais que l’hiver et l’été, et je rêvais de connaître un jour l’alternance des quatre saisons, comme dans les films.
Je suis arrivée à Paris le 26 avril 2018, à la gare routière de Gallieni, avec mon mari, Willy, et ma fille, Mariana, qui avait 7 ans à l’époque. Après un vol Cali-Madrid, nous avons pris le bus ; un voyage de dix-huit heures, éprouvant, sans intimité ni toilettes. Mais dès que je suis descendue du bus, le sentiment de réussite l’a emporté. “On l’a fait. Dieu a voulu qu’on arrive en France, et on y est”, voilà ce que je me répétais, comme un mantra. Je n’avais pas peur du lendemain, j’avais plutôt hâte de savoir de quoi la vie serait faite.