Le design peut-il raconter des paysages ? Celui de Lucile Viaud, certainement. En y puisant à la fois son inspiration, sa genèse et ses matières premières, la créatrice raconte depuis dix ans déjà des territoires en mouvement. Elle a choisi pour cela une substance emblématique, le verre. « C’est le premier matériau de synthèse créé par l’homme. Un savoir-faire qui s’est inscrit dans une multitude de paysages ? des verreries forestières aux verreries insulaires ? sans que, depuis l’Antiquité, il disparaisse », raconte la trentenaire diplômée en design d’objet à l’Ecole Boulle, à Paris, en 2015.
Pendant ces dix premières années de travail intense, Lucile Viaud allait de lieu en lieu sans trouver son port d’attache. C’est à Evran, dans les Côtes-d’Armor, à 10 kilomètres au sud de Dinan, qu’elle a fait éclore son pôle de recherche et de production consacré au savoir-faire verrier. Dans cette petite commune rurale, elle a rénové une ancienne porcherie. Le nouvel atelier, au lieu-dit Le Bois-Tison, laisse entrer par toutes ses ouvertures la lumière du beau soleil d’avril qui se reflète dans les œuvres de verre. De grandes poutres de bois découpant la charpente donnent à l’ensemble un aspect chaleureux. « On y sent tellement la nature respirer de toutes parts que, certains jours, je me fais happer par le lieu et j’ai du mal à travailler », confie Lucile Viaud, en couvrant son espace d’un regard maternel.