A Nîmes, quand la place de la Placette transpire, c’est l’âme de la ville qui s’exhale. Et ce lundi, c’est à grosses gouttes que sue le cœur historique de la préfecture du Gard. Les petites maisons basses qui cernent cet espace foulé il y a vingt siècles par les sandales des Romains, puis par celles des pèlerins médiévaux en route vers l’abbatiale de Saint-Gilles, suffoquent « de jour comme de nuit », se lamente Rossana da Silva, qui vit dans l’une d’elles.
Depuis deux ans qu’elle est là, cette mère de trois enfants a bien du mal à se souvenir combien d’épisodes de chaleur elle a vécus. Dans ce cœur battant de la Nîmes populaire, elle applique, comme à chaque fois la règle de vie du quartier : « Trop chaud dehors, tu rentres. Trop chaud dedans, tu sors. Trop chaud partout, tu souffres. » Lundi 11 août, à midi, toute sa petite famille est dehors sur la Placette, « plus pour bien longtemps », observe le mari, le visage dégoulinant. Sur le toit de sa voiture, son verre de vin blanc « bien frais » est posé à côté d’un paquet de cigarettes.
A côté de l’auto, lumineuse dans sa robe jaune à volants, la petite dernière de 6 ans, Léana, danse sur la musique qui sort par les vitres baissées. Le frère, Louzianzo, 9 ans, lui, a le regard fatigué des nuits trop chaudes et pas l’air de comprendre comment sa petite sœur peut autant bouger sans s’écrouler. « On va rentrer manger, puis tous à la sieste et on ressortira à 18 heures quand la température aura un peu baissé et que tous les voisins seront dehors », prévoit la mère de famille, qui tôt ce matin a cuisiné pour la journée. Dans sa petite maison, pas de climatisation, pas vraiment d’isolation non plus, mais « trois ventilos qui nous aident quand même à dormir un peu la nuit », précise-t-elle, disant sa hâte de ressentir les petits mouvements d’air du crépuscule.