Le bilan de l’attaque d’une mosquée dans le nord-ouest du Nigeria mardi s’élève à au moins 30 morts, a appris l’Agence France-Presse (AFP) mercredi 20 août de sources locales, après un premier bilan qui avait fait état de 13 tués. Des « bandits », comme on appelle localement les gangs criminels, ont attaqué mardi une mosquée dans la ville d’Unguwar Mantau, dans la région de Malumfashi, dans l’Etat de Katsina.
« Neuf fidèles ont été tués sur le coup et beaucoup d’autres sont morts au cours de la journée. Le dernier bilan s’élève à 32 morts », a déclaré mercredi à l’AFP Nura Musa, un habitant de la ville. La veille, Aminu Ibrahim, un élu local, avait déclaré à l’Assemblée de Katsina que 30 personnes avaient été tuées. Depuis des années, des « bandits » s’en prennent aux communautés rurales du nord-ouest et du centre du Nigeria, pillant des villages, kidnappant des habitants contre rançon et incendiant des maisons après les avoir saccagées.
L’attaque contre des fidèles qui priaient tôt le matin a eu lieu malgré une série d’accords de paix conclus récemment dans l’Etat de Katsina afin d’endiguer la vague d’attaques perpétrées par des gangs, même si Malumfashi ne figurait pas parmi les collectivités locales ayant récemment conclu des trêves.
Nura Musa a déclaré à l’AFP que l’attaque de mardi faisait suite à une embuscade tendue par des miliciens locaux contre un gang de bandits pendant le week-end. Les groupes d’autodéfense locaux ont été créés pour renforcer l’appareil sécuritaire nigérian, mais ils se retrouvent souvent dépassés ou provoquent des représailles de la part des gangs.
« Les miliciens montent la garde du crépuscule à l’aube, patrouillant dans le village et ses environs pour repousser les bandits », a-t-il expliqué. Après avoir terminé leur tour de garde, ils se sont rendus à la mosquée « à l’aube pour prier avec les autres fidèles », a-t-il ajouté. « Alors qu’ils priaient, les bandits ont lancé une attaque surprise sur la mosquée. Ils ont ouvert le feu sur les fidèles et ont pris la fuite », a-t-il précisé. Les « bandits » ont également attaqué d’autres villages voisins et kidnappé « plusieurs personnes », a affirmé M. Musa.
La crise du banditisme au Nigeria trouve son origine dans des conflits entre éleveurs et agriculteurs pour le contrôle des terres et de l’eau, qui se sont transformés en criminalité organisée. Les gangs ont fait du vol de bétail, des enlèvements et de l’imposition de taxes aux agriculteurs une source de revenus considérable dans les zones rurales pauvres, où la présence du gouvernement est depuis longtemps quasi inexistante.
Les « bandits » sont également connus pour profiter des trêves conclues avec les communautés pour établir des refuges dans les zones couvertes par ces accords, tout en continuant à lancer des attaques ailleurs. La sécurité dans le district de Birnin Gwari, dans l’Etat de Kaduna, s’est améliorée après une trêve en novembre 2024, mais les Etats voisins de Katsina et du Niger ont en revanche connu une recrudescence des attaques.