Le braqueur multirécidiviste Rédoine Faïd, à l’isolement depuis plus de dix ans, a été transféré, jeudi 21 août, de sa prison ultra-sécurisée de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) vers celle de Condé-sur-Sarthe (Orne), a appris l’Agence France-Presse (AFP) auprès de son avocate et de plusieurs autres sources.
Son transfert, révélé en premier par Ici Nord, a été effectué par hélicoptère de la gendarmerie, sous escorte du GIGN, selon une source proche du dossier. L’administration pénitentiaire a juste confirmé à l’AFP son extraction de Vendin-le-Vieil, sans donner d’indication quant à son nouvel établissement carcéral.
Son transfèrement intervient un mois après que la chambre d’application des peines de la cour d’appel de Douai a confirmé la décision d’une juge de Béthune ordonnant à l’administration d’assouplir ses conditions de détention. La justice avait relevé que celles-ci étaient « contraires à la dignité humaine » de par « leur combinaison, leur durée et l’absence de perspectives concrètes et objectifs réalisables ». La cour avait donné un mois à l’administration pénitentiaire pour les assouplir.
Cependant avec ce transfert à Condé-sur-Sarthe, prison jumelle de Vendin, « j’ai davantage le sentiment qu’on cherche à aggraver ses conditions de détention plutôt qu’à les améliorer », a regretté auprès de l’AFP Salomé Cohen, l’avocate de Rédoine Faïd. Il a été également placé à l’isolement dans sa nouvelle prison, selon elle.
« On a surtout cherché à mettre en scène son transfèrement par hélicoptère pour encore une fois faire état d’une démonstration de force du ministère de la justice », a estimé Me Cohen. « Il s’agit encore une fois d’une pirouette de l’administration pénitentiaire pour échapper à la décision de la cour d’appel de Douai et à l’humanité dont pouvait faire preuve la juge d’application des peines », a-t-elle ajouté.
Véritables forteresses high-tech, Vendin-le-Vieil et Condé-sur-Sarthe sont les deux premières prisons à avoir été sélectionnées pour accueillir les plus gros narcotrafiquants de France. Près de 90 détenus de cette catégorie ont déjà été transférés à Vendin depuis la fin du mois de juillet.
Agé de 53 ans, le braqueur a déposé de multiples recours pour dénoncer ses conditions de détention, faisant valoir qu’elles entraînaient une « détérioration de son état de santé physique et psychique causée par un isolement sensoriel et social », citant le manque de lumière du jour, le manque d’exercices appropriés, de contacts humains et d’éveil sensoriel.
Outre son régime d’isolement, depuis 2018 il ne pouvait recevoir des visites que derrière un hygiaphone, un dispositif avec une vitre empêchant le contact physique entre un détenu et ses visiteurs. Et depuis le mois de mai, une nouvelle grille apposée à sa fenêtre avait « sensiblement aggravé » le déficit de luminosité naturelle dans sa cellule de Vendin-le-Vieil, avait relevé en juillet la cour d’appel de Douai.
Surnommé le « Roi de la belle », Rédoine Faïd a été condamné en octobre 2023 à quatorze ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de Paris, pour sa spectaculaire évasion par hélicoptère de la prison de Réau (Seine-et-Marne) en juillet 2018. Il purgeait déjà des peines pour des braquages, dont l’un avait coûté la vie à une policière municipale, et une précédente évasion de la prison de Lille-Sequedin en 2013. Sa date de fin de peine est actuellement fixée au 17 août 2057.