Dans la lumière orangée de fin de journée, le mobil-home qui a abrité leurs retrouvailles et leur premier été – son fils, qui n’est plus un bébé, et lui, homme libre et innocent – n’est déjà plus un mobil-home. Il s’éloigne sur le sentier de la mémoire, sa silhouette s’effaçant peu à peu ; mutant en souvenir, déjà.
Pendant que son fils prend sa dernière douche des vacances, lui boit, debout devant leur maison sur roues, sa première bière du soir, dans une de ces bouteilles miniatures qui n’existaient pas avant qu’il se fasse enfermer à tort, quatre ans auparavant, pour des faits qu’il n’avait pas commis. Il a eu beau le dire, le répéter, finir par le hurler, comme dans les films, il aura fallu quatre ans et un témoin surprise, sorti du courant d’une rivière à l’eau plus pure que les autres.