Les deux réunions se sont succédé au second jour du sommet de l’OTAN, à Washington. Elles donnent une idée de l’ampleur des défis auxquels doit faire face l’Alliance atlantique, tandis que les festivités organisées à Washington pour ses 75 ans ont pris fin, jeudi 11 juillet. Dans la matinée, chefs d’Etat et de gouvernement ont accueilli leurs homologues venus de quatre pays asiatiques alliés, mais non membres : le Japon, la Corée du Sud, la Nouvelle-Zélande et l’Australie. L’après-midi, les trente-deux dirigeants se sont ensuite entretenus avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, lors d’un conseil OTAN-Ukraine, un format mis sur pied en 2023 pour rapprocher de l’Alliance le pays envahi par la Russie, sans précipiter son adhésion.
De fait, en pleine guerre en Ukraine, l’OTAN s’est efforcée de resserrer les rangs non seulement contre la Russie, mais aussi face à la Chine, deux puissances dont l’« amitié sans limite » scellée peu avant l’invasion russe est désormais scrutée de très près. Mercredi, les alliés ont fait part de leurs « profondes préoccupations » pour mettre en cause l’attitude de Pékin, qui n’a jamais condamné Moscou et a longtemps prétendu être « neutre ». La Chine « joue désormais un rôle déterminant dans la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine », ont-ils dénoncé, appelant Pékin « à cesser de soutenir matériellement et politiquement l’effort de guerre russe ». La Chine « ne peut rendre possible la poursuite de la plus grande guerre que l’Europe ait connue dans son histoire récente sans que cela nuise à ses intérêts et à sa réputation », ont-ils prévenu.
Ces mises en garde font écho aux multiples alertes émises ces derniers mois par les Etats-Unis contre le soutien chinois à l’effort de guerre russe. Si les uns et les autres constatent que Pékin ne livre pas, à ce jour, d’armes à Moscou, ils dénoncent la fourniture de composants électroniques et de technologies duales (civilo-militaires), qui ont permis à la Russie d’augmenter sa production d’armements pour équiper ses forces en Ukraines. Il s’agit du « message le plus fort jamais adressé par les Alliés concernant la contribution de la Chine à la guerre illégale de la Russie contre l’Ukraine », a observé le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, dont c’était le dernier sommet à ce poste, avant d’être remplacé, le 1er octobre, par l’ancien chef du gouvernement néerlandais Mark Rutte.
Cette focalisation inédite sur le rôle de la Chine ne va pas sans susciter des tiraillements au sein de l’alliance. L’administration Biden insiste depuis des mois pour que l’OTAN prenne davantage en compte les menaces venues de Pékin, en particulier dans la région indo-pacifique, mais aussi en lien avec la guerre en Ukraine. Le récent accord de défense mutuelle scellé le 19 juin entre la Russie et la Corée du Nord, lors d’une visite du président russe, Vladimir Poutine, à Pyongyang, est venu donner de nouveaux arguments à Washington : le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, s’engage à intensifier ses livraisons de munitions à la Russie, pour nourrir ses assauts dans le Donbass.