A l’issue de deux journées de négociations à Madrid, la Chine et les Etats-Unis sont parvenus, lundi 15 septembre, à s’entendre dans la perspective de la signature d’un accord prévoyant que la plate-forme chinoise TikTok passe sous pavillon américain. « Nous avons un cadre pour un accord TikTok. Les deux dirigeants, le président Trump et le président chinois, Xi, se parleront vendredi pour finaliser l’accord », a confirmé le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, en début d’après-midi.
Selon ce dernier, l’accord entre Pékin et Washington prévoit que la plate-forme ait un propriétaire américain, mais il n’a pas donné davantage de détails commerciaux sur un accord entre « deux entités privées ». « Le cadre vise à transférer la propriété sous contrôle des Etats-Unis. Mais encore une fois, je ne vais pas anticiper l’appel des dirigeants prévu vendredi », a-t-il expliqué.
« Les grandes discussions commerciales en Europe entre les Etats-Unis et la Chine se sont très bien déroulées. Cela va bientôt s’achever. Un accord a aussi été trouvé sur une “certaine” entreprise que les jeunes de notre pays veulent vraiment garder. Ils seront vraiment très heureux », s’est félicité Donald Trump, sur son réseau Truth Social. « Je vais parler avec le président Xi vendredi », a ajouté le président américain.
Le réseau social TikTok est au cœur d’un différend entre les deux pays depuis des mois. Washington demandait que TikTok soit vendu d’ici au 17 septembre à un propriétaire non chinois, sous peine d’être interdit aux Etats-Unis. En vertu d’une loi votée au Congrès en 2024, TikTok est en principe sous le coup d’une interdiction aux Etats-Unis, sauf si sa maison mère, le groupe chinois ByteDance, en abandonne le contrôle.
La date limite pour que l’application populaire trouve un acheteur non chinois ou soit interdite aux Etats-Unis est toujours fixée au 17 septembre, après une troisième prolongation de cette échéance par Donald Trump. Ce texte visait à empêcher que les autorités chinoises ne puissent mettre la main sur des données personnelles d’utilisateurs de TikTok aux Etats-Unis ou ne soient en mesure d’influencer l’opinion américaine par le puissant algorithme du réseau social, même si aucun élément n’a jamais été produit pour justifier ces craintes.
La cession nécessite l’autorisation de la société ByteDance mais aussi des autorités chinoises, qui n’ont, ni l’une, ni les autres, validé jusqu’à présent l’idée même d’une vente. Entamées dimanche, les négociations entre la Chine et les Etats-Unis se tenaient à Madrid, au siège du ministère des affaires étrangères espagnol, après un cycle de discussions menées à Genève, Stockholm et Londres.
Les délégations étaient dirigées, d’une part, par Scott Bessent et, d’autre part, par le vice-premier ministre chinois, He Lifeng, qui ne s’est pas exprimé à l’issue des discussions lundi. « Nous avons eu de très bonnes discussions », a estimé Scott Bessent à l’issue de la deuxième journée des pourparlers, précisant que ces échanges s’étaient concentrés sur TikTok. « Nous tiendrons de nouvelles négociations commerciales dans environ un mois à un autre endroit, mais nous avons parlé de nombreuses choses que nous pourrions faire à l’avenir », a-t-il ajouté.
Signe que les tensions ne sont pas apaisées entre les deux géants, Pékin a accusé lundi le géant américain des puces électroniques Nvidia d’avoir violé ses lois antimonopole et annoncé une « enquête approfondie », sans préciser de quelles violations il s’agissait. Cette annonce survient en outre après le lancement par la Chine au cours du week-end d’enquêtes dans le secteur des semi-conducteurs aux Etats-Unis.
Les tensions commerciales entre Pékin et Washington ont connu des hauts et des bas en 2025, les deux pays se lançant dans l’augmentation répétée de leurs tarifs douaniers respectifs. Au cours de l’année, ces tarifs entre les Etats-Unis et la Chine ont atteint des niveaux trois fois supérieurs à la normale des deux côtés, perturbant les chaînes d’approvisionnement. Depuis, Washington et Pékin ont conclu un accord visant à désamorcer les tensions, abaissant temporairement les droits de douane à 30 % pour les Etats-Unis et à 10 % pour la Chine. En août, les deux pays ont décidé de reporter de quatre-vingt-dix jours l’entrée en vigueur de nouvelles hausses de leurs droits de douane respectifs, prolongeant ainsi la trêve commerciale jusqu’au 10 novembre.