Le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, a annoncé jeudi 18 septembre dans une lettre interne son départ anticipé de l’institution.

« La France a proposé ma candidature en qualité de nouveau membre français de la Cour des comptes européenne. Cette proposition sera soumise au Parlement européen et au Conseil à l’automne, en vue d’une nomination à partir du 1er janvier 2026 », selon ce courrier dont l’Agence France-Presse ainsi que Le Figaro ont obtenu copie.

« Cette proposition m’honore et constitue le prolongement de mon engagement depuis plus de quarante années au service des juridictions financières, de l’Etat et des institutions européennes », assure-t-il dans sa lettre.

S’il déclare avoir décidé de « clore son mandat avant son terme de septembre 2026 », Pierre Moscovici assure que son « mandat ne s’achève pas aujourd’hui » : « Jusqu’à son terme je serai pleinement mobilisé à vos côtés ». « En janvier, je partirai fier d’avoir été à la tête d’une institution et d’un collectif exceptionnels et tout entier dévoués à l’intérêt général », ajoute-t-il.

L’ancien commissaire européen et ex-ministre de l’économie qui a été pendant de nombreuses années au Parti socialiste, âgé de 68 ans, est en poste depuis juin 2020.

Fils d’un couple de grands intellectuels juifs venus d’Europe de l’Est, Pierre Moscovici a dans sa jeunesse flirté avec le trotskisme. Il revendique désormais, et depuis de longues années, un positionnement social-démocrate.

Ancien élève de l’ENA, entré au parti socialiste en 1984, il fait ses armes électorales en 1994 pour des élections cantonales sur les terres de Peugeot, celles où se trouve l’usine historique de Sochaux. Il sera également député du Doubs.

Fidèle parmi les fidèles de Dominique Strauss-Kahn, il a rebondi au sein de l’équipe de campagne de François Hollande après que son mentor a été balayé en 2011 par un scandale sexuel. Il a également été député européen, et deux fois ministre : des affaires européennes sous Lionel Jospin, puis patron de Bercy au début du mandat de François Hollande, dans deux gouvernements successifs de Jean-Marc Ayrault.

Son passage à la Cour des comptes a été émaillé de coups d’éclat et d’interventions fracassantes. En juillet, Le Monde avait notamment fait état du mécontentement de magistrats dont le report du départ à la retraite avait été rejeté. Ils dénonçaient dans le journal « des décisions arbitraires et discrétionnaires » ainsi qu’une gouvernance « très politique » par l’ancien homme politique socialiste.

Début septembre, Pierre Moscovici a tancé « une poignée de magistrats » de la juridiction critiquant, selon lui mensongèrement, sa gouvernance par voie de presse, se défendant de tout parti pris politique dans sa gestion. Il avait également répondu en juillet à des critiques sur la nomination de Najat Vallaud-Belkacem, ex-ministre socialiste de l’éducation nationale, en tant que conseiller maître de la Cour - assurant que la procédure de recrutement avait été « parfaitement objective ».

Début 2025, le premier président de la Cour des comptes avait aussi menacé de refuser de certifier les comptes de l’Etat si les recommandations de l’institution n’étaient pas mieux écoutées. Notant que, « pour la 19e année consécutive, les comptes de l’État ne sont pas en mesure d’être certifiés sans des réserves très significatives », M. Moscovici avait déclaré « qu’en l’absence de progrès en 2025, la Cour pourrait être amenée à (…) ne pas les certifier ».

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