Un nouveau pays d’Europe risque-t-il de basculer dans le camp des démocraties menacées ? « Trumpiste » revendiqué, même s’il a tendance à prendre ses distances avec le président américain depuis son retour à la Maison Blanche, l’ancien premier ministre Andrej Babis est en tout cas le favori des élections législatives organisées vendredi 3 et samedi 4 octobre en République tchèque. Tous les sondages lui promettent depuis des mois un score supérieur à 30 %. S’il arrive à former une coalition, cet allié de Viktor Orban et de Marine Le Pen au Parlement européen pourrait bien revenir au pouvoir à Prague après avoir déjà gouverné entre 2017 et 2021.
Le premier mandat de ce riche homme d’affaires avait pourtant été marqué par de multiples accusations de corruption et des attaques contre la justice et la presse qui avaient déclenché les plus grandes manifestations observées dans ce pays d’Europe centrale depuis la « révolution de velours », en 1989. Mais, alors que les dérives très trumpistes de M. Babis avaient entraîné sa chute en 2021, quatre ans plus tard, elles lui valent d’avoir le vent en poupe dans ce pays de dix millions d’habitants.
Ce retournement peut certes s’expliquer par une inflation trop peu combattue par le gouvernement pro-européen sortant ou par la fatigue de la guerre en Ukraine, mais il est surtout symptomatique d’un phénomène plus général en Europe. Alors qu’elles étaient en recul lors du premier mandat du président américain, les forces politiques qui partagent le souhait du président américain d’affaiblir l’Union européenne (UE) et entretiennent une forme de fascination pour ses méthodes radicales sont, cette fois-ci, en progression.