Pour Taemin Ha, le déclic est venu au hasard d’une conversation. Ce jour de 2022, le photographe sud-coréen discute avec l’un de ses amis, qui lui raconte la vie des communautés nomades de Mongolie. « Je me suis immédiatement demandé comment ces peuples perpétuaient un mode de vie ancestral tout en composant avec la vie moderne », se souvient-il par téléphone. Une curiosité qui le conduira à s’immerger pendant deux ans parmi les habitants de Tariat, au centre de la Mongolie, et donnera naissance au livre Süü (Chose commune), tout juste publié en France.
Né en 1995 à Gunsan, ville portuaire située au sud de Séoul, Taemin Ha a grandi loin des steppes verdoyantes et des collines mongoles. Il a découvert la photographie à 22 ans, lors de son service militaire de deux ans (obligatoire pour les jeunes hommes sud-coréens). Intégré au service de presse de la marine, il est alors chargé d’immortaliser les temps forts de la vie militaire, entre défilés et remises de médailles. A son retour dans la vie civile en 2019, le jeune urbain installé à Séoul choisit d’aller photographier des skateurs dans l’Himalaya. Il en tire son premier livre, Sikkim (du nom du village de ses modèles), qu’il publie à compte d’auteur.
Pour son second projet, Taemin Ha cède donc à nouveau à l’attrait des grands espaces et part, en 2022, rencontrer les nomades de Tariat, dans la province d’Arkhangai. Il choisit cette région un peu par hasard, attiré par son éloignement : la grande ville la plus proche, Oulan-Bator, capitale de la Mongolie, est à quatorze heures de voiture.
Les premières semaines, le jeune homme tente de se fondre dans le décor. Une condition indispensable, selon lui, pour parvenir à saisir le quotidien des nomades et « s’écarter des images trop stéréotypées entre paysages désertiques et habitants en tenues traditionnelles ».