Trois livres de poche conseillés par François Angelier : les Italiens de Maurizio Serra, Antonio Scurati et Michèle Desbordes

Touchant Gabriele D’Annunzio (1863-1938), prince de Montevenoso (« mont neigeux »), poète, dramaturge, romancier, orateur et activiste politique, aviateur qui rallia Vienne de nuit en 1918 pour y lâcher une pluie de tracts, adepte du motonautisme et muséographe, homme à femmes, endetté de naissance, le terme de « magnifique », ainsi que le qualifie Maurizio Serra dans sa biographie, est seul capable de lier en gerbe ce faisceau d’élans et de vitalité. Le « magnifique » est, de fait, celui qui fait, voit, taille et agit grand.

Du haut de son 1,64 mètre pour 60 kilos, le « Duc minime » n’eut de cesse de quêter la grandeur comme on marche à l’étoile. Né d’un hobereau des Abruzzes et d’une aristocrate locale, aigle scolaire publiant à 16 ans son premier recueil poétique et à 26 son premier roman, fondant sur Rome pour s’y faire journaliste, un temps marié, amant permanent (dont douze ans de la Duse, la Sarah Bernhardt italienne), star littéraire internationale à la voracité éditoriale illimitée… Utopiste libertarien, il créa à Fiume, sur l’Adriatique, un Etat indépendant dont il fut chassé dans le sang. Antinazi, il anticipa pourtant l’esthétique fasciste et fut un compagnon de route de Mussolini, qui finança sa dernière utopie, le complexe muséal du Vittoriale, aux bords du lac de Garde. Ainsi D’Annunzio vécut dans ce que Maurizio Serra nomme parfaitement un « éternel présent », une « extrême mobilité existentielle ». Peu voyageur (la Grèce et la France essentiellement), « enraciné en soi-même (…), toute expérience le capture entièrement. (…) Une fois qu’elle est terminée, calcinée, elle n’a plus d’importance à ses yeux, il la rejette sans effort, les sens tendus vers l’avenir. »

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