Ce Fou de Dieu au bout du monde lui est tombé du ciel. En mai 2023, alors qu’il est en pleine séance de dédicace au Salon du livre de Turin, Javier Cercas est abordé par un visiteur un peu particulier : Lorenzo Fazzini, responsable de la Librairie éditrice vaticane, maison d’édition du Vatican. De but en blanc, ce dernier lui propose d’écrire un livre sur le pape François (1936-2025) ou sur le Saint-Siège à l’occasion du prochain voyage du Saint-Père en Mongolie, trois mois plus tard. Il pourra y raconter ce qu’il voudra après avoir rencontré qui il souhaitera, et publier l’ouvrage dans la maison de son choix.
L’auteur des Soldats de Salamine (Actes Sud, 2002) manque de tomber de sa chaise. Et pour cause : qui de moins bien placé que cet « athée », « anticlérical » et « laïc militant » pour s’intéresser à l’évêque de Rome ? Elevé dans le catholicisme strict, sous le franquisme, il a gardé pour cette religion une « phobie », partagée selon lui par de nombreux Espagnols. Alors pourquoi lui ? « Ils cherchaient un écrivain qui soit connu, de culture catholique, mais n’ayant pas la foi. Quelqu’un, en somme, capable de voir les choses depuis l’extérieur », explique Cercas au « Monde des livres ».