Dans les marges de sa sixième édition, la Biennale de Chicago aura donné la mesure d’un phénomène unique situé à la lisière de l’urbanisme, de l’immobilier, de l’architecture et de l’art contemporain : le petit empire de l’artiste Theaster Gates dans le South Side de Chicago, zone du sud de la ville, quartier de relégation où se concentrent les franges les plus pauvres de la communauté afro-américaine dont il est originaire et où il habite toujours…
Urbaniste de formation, cet autodidacte de 52 ans, devenu en quelques années une star internationale, a acheté sa première maison, un ancien magasin de bonbons, en 2006, en contractant un de ces prêts hypothécaires risqués qui ont entraîné la crise des subprimes à partir de juillet 2007. Alors que le marché de l’immobilier s’effondrait et que sa carrière d’artiste commençait à décoller, il a acquis d’autres biens dans le même périmètre. Des vieux bungalows, des immeubles délabrés, y compris une église, qu’il a au fil du temps restaurés et reconvertis en lieux dédiés à la culture noire, à sa production artistique, à des résidences d’artistes, à la communauté de son quartier…