Les mythes qui font la France : « La continuité et la cohérence de ce pays ne se fondent pas sur la liberté mais sur l’autorité »

La France ? Oui : tout, ici, est dans le point d’interrogation. Mais qu’on ne s’y méprenne pas : il ne s’agit aucunement de « déconstruire » une identité française mystificatrice. Tout au contraire : si, en matière nationale, les sciences sociales affectionnent cet exercice d’hypercritique, dans leur dos les sociétés, elles, reconstruisent à tout-va. Contrairement à ce que prophétisait la génération progressiste des baby-boomeurs, la nation, à l’échelle mondiale, n’est pas un passé dépassé mais un présent omniprésent, comme en témoignent la seule mention d’entités comme Israël ou Palestine, Russie ou Ukraine, Nouvelle-Calédonie ou Catalogne. Qu’elle soit, à l’évidence, « construite » ne l’affaiblit pas : en 2025, il n’y a rien de plus construit – et de plus fragile – que les notions proposées jadis comme alternatives, tels l’« international » de la gauche ouvrière ou le « mondial » de la droite libérale.

Non, la question du point d’interrogation est ailleurs : elle porte sur la caractérisation de cette France-là. Prenons, par exemple, deux grands mythes de ce « cher et vieux pays » (de Gaulle) : la France pays de la liberté, la France pays de la Révolution. Rappelons ici qu’un mythe n’est pas une mystification mais un récit doublement collectif – dans son élaboration comme dans sa diffusion – ayant pour fonction de donner un sens au destin de la collectivité en question. Reste que si une continuité politique ne peut manquer de frapper l’observateur – en particulier l’observateur étranger –, ce n’est pas celle du mythe français : la continuité et la cohérence de ce pays ne se fondent pas sur la liberté mais sur l’autorité.

Recomendar A Un Amigo
  • gplus
  • pinterest
Commentarios
No hay comentarios por el momento

Tu comentario