Les forces navales israéliennes ont intercepté, mercredi 1er octobre, « plusieurs navires » de la flottille qui s’approchait de la bande de Gaza, notamment celui où se trouvait la militante suédoise Greta Thunberg. L’Etat hébreu avait sommé auparavant les dizaines de bateaux de la Global Sumud Flotilla de changer de cap.
Tôt jeudi, plusieurs navires du convoi tentaient de poursuivre leur route, selon les organisateurs. Il n’était pas clair à l’aube combien de bateaux avaient été arraisonnés par l’armée israélienne. La Global Sumud Flotilla (« sumud » signifie « résilience » en arabe) s’est donné pour objectif de « briser le blocus de Gaza » et de fournir « une aide humanitaire à une population assiégée confrontée à la famine et au génocide », selon ses organisateurs.
Lancée à partir de l’Espagne début septembre, elle compte environ quarante-cinq bateaux avec des centaines de militants propalestiniens originaires de plus de quarante pays et se présente comme une « mission pacifique et non violente d’aide humanitaire ». La flottille faisait route en mer Méditerranée au large de l’Egypte et s’approchait des côtes de la bande de Gaza, quand les premières interceptions des forces israéliennes ont commencé.
« Plusieurs navires de la flottille (…) ont déjà été arrêtés en toute sécurité et leurs passagers sont en cours de transfert vers un port israélien », a écrit, mercredi soir, le ministère des affaires étrangères israélien sur X. « Greta et ses amis sont sains et saufs », ajoute le message assorti d’une courte vidéo montrant Greta Thunberg en train de récupérer des effets personnels dont un chapeau à tête de grenouille, alors qu’elle est entourée par des hommes armés.
Le porte-parole de la flottille, Saif Abukeshek, a fait état dans la nuit de mercredi à jeudi de 13 bateaux stoppés, transportant 200 personnes au total. La flottille a assuré sur X à 2 h 20 jeudi (heure de Paris) que « 30 bateaux continuent leur route vers Gaza, et se trouvent à 46 milles nautiques [85 km], malgré les agressions incessantes » de la marine israélienne. « Ils sont déterminés. Ils sont motivés et font tout ce qui est en leur pouvoir pour briser le blocus tôt ce matin », a assuré M. Abukeshek.
« Outre les bateaux dont l’interception est confirmée, la retransmission en direct et les communications avec plusieurs autres ont été perdues », avaient dénoncé un peu plus tôt les organisateurs de la flottille.
Jointe par Le Monde mercredi soir, l’eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan (La France insoumise), présente sur l’un des navires aux côtés d’autres élus « insoumis », a témoigné : « Ils [les membres des forces navales israéliennes] interceptent les bateaux un par un. Ils ont commencé par ceux qui étaient en première ligne. Ils sont, je pense, en train de faire des transferts sur un gros navire militaire qui accompagne les commandos israéliens dans leur déploiement. Ils font des raids avec des zodiacs », a-t-elle expliqué. « Dans la mesure où il y a quarante-quatre bateaux, ça va durer toute la nuit jusqu’au petit matin », a-t-elle poursuivi. LFI a appelé à un rassemblement jeudi soir « partout en France » afin de réclamer la libération des équipes de la flottille.
L’organisation Global Sumud a dit travailler « sans relâche pour retrouver tous les participants et membres d’équipage ». Il s’agit « d’une attaque illégale contre des humanitaires non armés », a-t-elle poursuivi, appelant « les gouvernements, les dirigeants mondiaux et les institutions internationales à exiger la sécurité et la libération de toutes les personnes à bord ».
Le Hamas a fustigé un « crime de piraterie et de terrorisme maritime contre des civils ». A travers le monde, l’interception de la flottille a suscité de vives réactions. En Italie, des milliers de manifestants se sont rassemblés à Rome et à Naples, mercredi soir, pour protester, relayant l’appel des principaux syndicats du pays à une grève générale pour la journée de vendredi. Des manifestations ont également eu lieu en Espagne, en Grèce, à Mexico, Buenos Aires, Istanbul ou Ankara.
Le président colombien, Gustavo Petro, a annoncé que son pays allait expulser la délégation diplomatique israélienne, en signe de protestation. Le ministère des affaires étrangères turc a, lui, accusé mercredi Israël de commettre « un acte de terrorisme ».
En France, le ministre des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a appelé les autorités israéliennes « à assurer la sécurité des participants ».
Outre la militante suédoise Greta Thunberg et la députée européenne franco-palestinienne Rima Hassane, se trouvent à bord le petit-fils de Nelson Mandela et ex-député sud-africain Mandla Mandela ou encore l’ancienne maire de Barcelone Ada Colau.
L’Italie et l’Espagne avaient dépêché des navires militaires pour escorter la flottille après des « attaques par drones » dans la nuit du 23 au 24 septembre, dénoncées par les Nations unies et l’Union européenne, similaires à deux attaques attribuées à Israël par la flottille quand elle était ancrée le 9 septembre près de Tunis.
Mais mercredi, Madrid a demandé à la Global Sumud Flotilla « de ne pas entrer dans les eaux désignées comme zone d’exclusion par Israël » et souligné que le navire espagnol les escortant ne franchirait pas cette limite. La veille, la flottille avait dénoncé une décision de l’Italie de stopper, à la limite de la zone « critique » des 150 milles nautiques, la frégate chargée de les accompagner, afin « de dissuader et miner une mission humanitaire pacifique ».