Dans le sport de compétition, la mixité reste hors-jeu

« Les Jeux olympiques de Paris 2024 seront les premiers Jeux strictement paritaires de l’histoire » : l’annonce, faite dès 2020 par la commission exécutive du Comité international olympique (CIO), avait pour objectif d’attirer l’attention de l’opinion mondiale sur les Jeux à venir, en insistant sur leur caractère inédit, moderne et progressiste. La « parité parfaite » entre les 10 500 athlètes qualifiés ferait de la grand-messe olympique un événement « à l’image de la société », ajoutait par ailleurs le CIO.

Si la présence d’autant de compétiteurs que de compétitrices est indéniablement souhaitable et louable, certaines affirmations du CIO quant aux progrès de l’égalité hommes-femmes dans l’institution olympique ont depuis été tempérées. Si certains ont pointé que la parité annoncée est tout d’abord loin d’être « parfaite », le caractère historique – et donc sensationnel – de l’événement doit lui aussi être relativisé, tant le pourcentage de compétitrices a augmenté de manière constante depuis une vingtaine d’années. Les Jeux de Paris incarnent en ce sens moins une rupture que la consécration d’une dynamique au long cours.

Enfin, et surtout, l’idée que la parité des athlètes ferait enfin des Jeux olympiques un événement « à l’image de la société » peut interroger. En ce qui concerne l’égalité des sexes, et comme l’immense majorité des compétitions sportives de haut niveau, les Jeux modernes représentent au contraire une exception au sein des sociétés contemporaines. En effet, et alors que la mixité est la règle dans la plupart des espaces sociaux, il n’en va pas de même dans le sport de haut niveau, où hommes et femmes concourent – presque – toujours dans des catégories séparées.

Ce système, appelé « bicatégorisation sexuée » par les chercheurs, se traduit de différentes manières. En premier lieu, dans la plupart des épreuves et des disciplines individuelles, hommes et femmes ne concourent pas les uns contre les autres mais contre des membres du même sexe, donnant lieu à deux classements étanches. Dans les sports ou les épreuves collectifs, les équipes sont elles aussi composées selon un critère de sexe, et n’affrontent pas d’équipes du sexe opposé.

Enfin, la bicatégorisation du sport de haut niveau a pour corollaire une différenciation sexuée de certaines épreuves : ainsi, en athlétisme, le 110 mètres haies se court sur 100 mètres seulement pour les athlètes féminines ; le boulet en acier projeté par les lanceurs de marteaux pèse 7,257 kilos chez les hommes, contre 4 kilos seulement chez les femmes ; les matchs de tennis individuels se jouent en trois sets chez les unes, en cinq sets chez les autres. D’autres épreuves diffèrent entièrement dans leur forme, comme c’est le cas en gymnastique – où les messieurs concourent sur six agrès (sol, cheval d’arçons, anneaux, saut de cheval, barres parallèles, barre fixe) et les dames sur quatre (sol, barres asymétriques, saut de cheval, poutre d’équilibre). Certaines rares disciplines restent d’ailleurs encore exclusives à l’un ou l’autre sexe – la lutte gréco-romaine est ainsi le domaine réservé des hommes, et la gymnastique rythmique celui des femmes.

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