Prix Nobel de physiologie ou médecine en 2012 pour des travaux pionniers sur le clonage et la médecine régénérative, le Britannique John Gurdon est mort mardi 7 octobre, à l’âge de 92 ans. Le comité Nobel l’avait récompensé, conjointement avec le Japonais Shinya Yamanaka, pour avoir découvert « que les cellules adultes peuvent être reprogrammées pour devenir pluripotentes », c’est-à-dire capables de se différencier pour former divers types de tissus, voire un individu entier.
Une telle récompense tenait d’une forme de petit miracle, tant le parcours scientifique de John Gurdon s’était bâti contre l’institution scolaire. Alors qu’il avait 15 ans, scolarisé à Eton, il est jugé inapte par son professeur de biologie : « Je crois, estimait celui-ci, que Gurdon a dans l’idée de devenir un scientifique. Dans l’état actuel des choses, c’est plutôt ridicule (…). Ce serait une pure perte de temps, tant pour lui que pour ceux chargés de son éducation. »
Cette note, qui le poursuivra toute sa scolarité, l’empêche d’abord de suivre le cursus scientifique dont il rêvait. John Gurdon avait tenu à la faire figurer dans sa notice biographique sur le site des prix Nobel. L’anecdote illustrait à merveille la devise de la lignée paternelle (son arbre généalogique avait pu être retracé jusqu’à 1199 dans le Suffolk) : « La vertu fleurit dans l’adversité. »