Dans le sillage de manifestations qui ont agité le Népal, le Pérou ou encore Madagascar ces dernières semaines, le Maroc connaît, depuis le 27 septembre, un mouvement social important mené par le collectif « GenZ 212 » – 212 est l’indicatif téléphonique du Maroc. Cela fait trois ans que la vague de protestation menée par la génération Z – nom donné à ces jeunes nés entre la fin des années 1990 et le début des années 2010 – déstabilise les élites vieillissantes et corrompues de plusieurs pays du Sud.
Un cliché insistant fait pourtant de ces « zoomers », comme on les surnomme aussi pour évoquer leur agilité numérique (du verbe to zoom, « rouler à toute vitesse »), une jeunesse accro aux selfies et boudant le champ politique. Les archives du Monde racontent surtout l’avènement d’une génération angoissée, qui oscille entre individualisme et nouvelles formes de militantisme.
C’est d’ailleurs pour désigner le réveil militant d’enfants de la dictature que l’expression est apparue pour la première fois dans Le Monde. Le 27 mars 2009, Anaïs Favre brosse le portrait de la « génération Z » de Birmanie. Ces jeunes Birmans qui n’ont jamais connu que la junte, les courriels lus par la censure et les téléphones portables sur écoute, s’affranchissent des traditions et rêvent de changement. Ils ont été désignés comme la « génération Z » en écho à la « génération 88 » de leurs parents : en 1988, année de l’arrivée au pouvoir de la junte, le régime du général Ne Win avait réprimé avec une violence inédite un mouvement de contestation étudiant.