Au dernier salon professionnel Maison & Objet, en septembre à Villepinte (Seine-Saint-Denis), soufflait un vent décoiffant : c’est Amélie Pichard, directrice artistique de cette édition, qui a d’abord pris tout le monde à rebrousse-poil. On attendait d’elle qu’elle présente les grandes tendances de la décoration avec un intérieur rêvé, tel qu’on en voit sur les réseaux sociaux ; elle a invité le public dans une maison sens dessus dessous, dépouillée et comme construite par de mauvais entrepreneurs.

Les toilettes au milieu de la salle de bains. Des prises au sol au cœur du salon. Des fenêtres qui donnent ici sur une autoroute, là sur une haie banale et mal taillée… « Une pression nouvelle s’exerce sur nos contemporains depuis le Covid-19. Alors que leur intérieur devrait rester un monde intime, pour bien des gens, le domicile parfait, “instagrammable”, est devenu une obsession, pire que le choix d’un vêtement », souligne la créatrice de mode (chaussures et sacs), réputée pour son franc-parler.

L’intérieur « assez réaliste » qu’elle a imaginé, baptisé avec humour « Welcome Home », prône une vie frugale, quoique en mouvement. La vaisselle cassée déborde dans l’évier. Une assise comme fossilisée exalte la persistance des formes d’antan dans une matière réinventée (chaise Ekta de Hors-Studio, avec chutes de cuir et liants naturels). La chambre d’amis est réduite à sa substantifique moelle : derrière un paravent, une parure de lit tout-en-un (drap de voyage de la marque Vous pouvez dormir dans la grange) est posée sur un sommier de fortune, dressé sur des piles de journaux.

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