La société israélienne NSO Group, connue pour son logiciel espion Pegasus, a confirmé vendredi 10 octobre au site spécialisé TechCrunch qu’elle allait être rachetée par un groupe d’investisseurs américains. Un porte-parole de l’entreprise a ainsi déclaré que ce groupe avait « investi des dizaines de millions de dollars dans la société et acquis une part majoritaire » de la célèbre société israélienne.

Pour l’heure, l’entreprise ne nomme pas ses acquéreurs. Le média économique Calcalist croit néanmoins savoir que le groupe d’investisseurs derrière le rachat est mené par le producteur de cinéma Robert Simonds, dont les velléités d’acquisition du vendeur de logiciels espions avaient déjà été révélées par le Guardian.

NSO Group est aujourd’hui le nom le plus connu du marché des logiciels espions, régulièrement dénoncés par les ONG de défense des droits humains et la presse en raison de leur usage à des fins de répression. Le « Projet Pegasus », coordonné par Forbidden Stories en 2021 et auquel Le Monde a participé, révélait à quel point le logiciel Pegasus, officiellement vendu pour lutter contre le crime organisé et le terrorisme, était en réalité massivement employé pour espionner opposants politiques, activistes ou journalistes. Considéré comme l’outil le plus sophistiqué sur le marché, Pegasus est capable d’infecter discrètement un smartphone sans que la cible n’ait à ouvrir une pièce jointe ou à cliquer sur un lien vérolé.

Depuis les révélations du « Projet Pegasus », le fabricant israélien a enchaîné les difficultés, aussi bien politiques qu’économiques, et l’hypothèse d’une vente de l’entreprise avait déjà été mise sur le tapis.

En novembre 2021, NSO Group a en effet été placée sur liste noire du département du commerce des Etats-Unis, une décision néfaste pour son activité car elle complique toute transaction avec des acteurs américains. Ce placement s’inscrit dans une suite d’actions prises par l’administration de l’ancien président américain Joe Biden contre l’industrie des logiciels espions. Comme l’écrivaient récemment plusieurs médias, dont Intelligence Online, NSO poursuit toujours son lobbying auprès des autorités américaines afin d’être retirée de cette liste noire.

Toujours aux Etats-Unis, NSO a par ailleurs perdu, en mai dernier, une longue procédure judiciaire lancée par le groupe Meta, qui l’accusait d’avoir utilisé une faille de sa messagerie WhatsApp pour infecter près de 1 400 téléphones portables. La société israélienne a été condamnée à verser 168 millions de dollars au groupe de Mark Zuckerberg, décision dont elle a fait appel peu après, affirmant ne pas être en mesure de payer un tel montant.

Pour être effectif, le rachat de la société par des investisseurs américains devra encore obtenir la validation de plusieurs régulateurs, aussi bien aux Etats-Unis que dans son pays d’origine, NSO étant un des fleurons de l’industrie de la cybersécurité israélienne.

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