A 81 ans, le père de l’éthio-jazz, Mulatu Astatke, a encore beaucoup d’énergie. Fin septembre, alors qu’il avait donné la veille un concert, une nouvelle fois hypnotique, à la salle Pleyel à Paris, il s’enthousiasmait sur ses nombreux projets. Son nouveau disque, Mulatu Plays Mulatu, publié le 26 septembre, présente une nouvelle version de ses classiques et l’emmène aux quatre coins du monde jusqu’à fin novembre. Tandis qu’il s’apprête à prendre un avion pour s’envoler vers la Grèce, il accorde un entretien au Monde pour parler de son nouveau projet : rendre hommage aux azmaris, ces troubadours qui transmettent la tradition orale en Ethiopie comme le font les griots en Afrique de l’Ouest : « Je voudrais, explique-t-il de sa voix chevrotante, appeler mon nouveau projet “Amener les Azmari au XXIe siècle”. Mon idée, c’est d’informatiser tous les instruments traditionnels éthiopiens et de jouer du Beethoven avec eux ensuite sur un ordinateur. »

Assis à côté de lui, son producteur anglais, Quinton Scott, du label Strut Records, tempère : « Chaque chose en son temps, Mulatu. » Mais le musicien et arrangeur y oppose sa belle énergie : « J’ai un objectif. Je me bats pour ça. Quand j’ai commencé, j’avais un objectif, devenir musicien et réussir à faire connaître ma musique. Et moi, ce que je veux, c’est qu’on reconnaisse que les gens de la brousse ont contribué à la musique dans le monde. On peut penser que ces personnes sont arriérées, mais ce qu’ils arrivent à faire avec une seule corde, avec des crins de cheval, relève de la science. » C’est en tout cas en observant ces musiciens du sud de l’Ethiopie que Mulatu Astatke, né le 19 décembre 1943, est tombé amoureux des instruments de la musique éthiopienne : le masenqo, un instrument à une corde, le washint, une flûte envoûtante, ou le krar, une lyre dont le son ressemble beaucoup à la harpe.

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