Un gouvernement composé de personnalités « qui s’engagent (...) en toute liberté au-delà des intérêts personnels et partisans ». Tel est le portrait qu’a fait le premier ministre Sébastien Lecornu des 35 ministres et ministres délégués nommés dimanche 12 octobre dans son deuxième gouvernement, une semaine après le fiasco de son éphémère première équipe.
Le gouvernement Lecornu II reconduit 12 des 18 ministres de Lecornu I, comme Gérald Darmanin (justice), Jean-Noël Barrot (affaires étrangères) et Rachida Dati (culture), qui conservent leurs portefeuilles, ou Catherine Vautrin, qui passe des affaires sociales aux armées. M. Lecornu a également rappelé aux affaires cinq personnalités qui avaient déjà été ministres sous de précédents gouvernements de l’ère Macron, comme Laurent Nuñez (intérieur), Benjamin Haddad (Europe) ou Maud Bregeon (porte-parole).
La moitié restante du gouvernement est composée de nouveaux visages. Trois sont issus de la société civile : l’ancien patron de la SNCF Jean-Pierre Farandou au travail, l’ancienne présidente du WWF Monique Barbut à la transition écologique, et l’ex-PDG de Système U Serge Papin à la tête d’un large ministère des PME, du commerce, de l’artisanat et du tourisme. Neuf autres entrants siégeaient jusqu’à dimanche sur les bancs de l’Assemblée nationale ou du Parlement européen. L’équipe compte également deux hauts fonctionnaires et un élu local.
Ce remaniement est marqué par le départ de nombreux « poids lourds » politiques, dont Sébastien Lecornu semblait vouloir se délester pour limiter les querelles d’égo et les luttes partisanes : les quatre ministres d’Etat Bruno Retailleau (intérieur), Elisabeth Borne (éducation), Manuel Valls (outre-mer) et Bruno Le Maire (armées), mais aussi Eric Woerth (aménagement du territoire) et Agnès Pannier-Runachier (écologie). Le seul ministre connu pour ses ambitions présidentielles qui soit resté à bord est Gérald Darmanin, mais il a annoncé dimanche soir se mettre « en congé de toute activité partisane ».
Les multiples tractations entre les partis politiques observées cette semaine n’auront finalement pas changé grand chose aux équilibres du gouvernement Lecornu II par rapport à son prédécesseur. Cette équipe rassemble des personnalités issues de toutes les formations du « socle commun » de la droite et du centre qui gouverne le pays depuis septembre 2024.
Le parti présidentiel Renaissance domine l’équation, avec douze ministres et ministres délégués. Suivent les six hommes et femmes encartés Les Républicains qui, en acceptant de rester ou d’entrer au gouvernement, s’exposent à une exclusion du parti de droite. Le MoDem de François Bayrou compte quatre réprésentants, le parti Horizons d’Edouard Philippe en a trois, et l’Union des démocrates et indépendants (UDI) un. Seule nouveauté : l’entrée de l’ex-socialiste Laurent Panifous, chargé des relations avec le Parlement, qui avait rompu avec le PS en 2022 en raison de son alliance avec la France insoumise.