François Ecalle, ancien magistrat à la Cour des comptes, est le fondateur de Fipeco.fr, un site d’information sur les finances publiques qui fait référence. Il analyse la faisabilité des mesures budgétaires annoncées par le Rassemblement national, qui constituent la matrice du programme du parti en cas d’élections législatives anticipées et pour la présidentielle de 2027.
C’est un budget aussi difficile à chiffrer qu’à qualifier. Ce projet mêle poursuite de la politique de l’offre d’Emmanuel Macron, utilisation des traditionnelles baguettes magiques budgétaires – immigration et fraudes – et discours destiné à l’électorat populaire sur les baisses de la TVA.
Plusieurs évaluations ne me semblent pas raisonnables. En matière d’immigration, un rapport du Conseil d’analyse économique avait estimé en 2021 que l’impact de l’immigration sur les finances publiques se situait entre une perte de 0,5 % du PIB (– 15 milliards d’euros) et un gain de 0,5 % du PIB (+ 15 milliards d’euros). Même en retenant l’analyse la plus pessimiste (un coût net de 15 milliards), je ne vois pas comment arriver à un gain net de 25 milliards d’euros.
S’agissant des fraudes, les recettes tirées du contrôle fiscal ont augmenté d’environ 3 milliards d’euros par an en dix ans, en donnant plus de moyens juridiques et techniques aux contrôleurs. Augmenter de 5 nouveaux milliards en cinq ans est très ambitieux. Pour les recettes tirées de la lutte contre la fraude sociale, elles s’élèvent aujourd’hui à 3 milliards d’euros ; les tripler est irréaliste.
Classiquement, non : un gouvernement présente en général un budget dont il considère qu’il ne contrevient pas à la Constitution. La situation est différente pour les oppositions. On le voit actuellement avec la taxe Zucman, réclamée par la gauche, dont certains considèrent qu’elle serait censurée par le Conseil constitutionnel.