Hussam Abu Safiya est né en 1973, dans le camp de réfugiés palestiniens de Jabaliya, au nord de la ville de Gaza. Ses parents avaient dû fuir, en 1948, la localité palestinienne de Hamama, détruite par l’armée israélienne, qui en avait refoulé tous les habitants vers Gaza. La distance entre Jabaliya et Hamama avait beau n’être que d’une vingtaine de kilomètres, elle était devenue infranchissable pour les réfugiés confinés dans une « bande de Gaza » administrée par l’Egypte et encerclée par l’armée israélienne.
L’occupation de l’enclave palestinienne, en 1967, marque le début d’une colonisation israélienne de plus en plus oppressante dans une bande de Gaza densément peuplée. Et c’est dans le camp de Jabaliya qu’éclate, en 1987, la première Intifada, littéralement le « soulèvement » de la jeunesse palestinienne, qui défie militaires et colons avec de simples pierres. Ce refus populaire de la lutte armée contraint l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) à reconnaître Israël et à s’engager en faveur de la solution à deux Etats.
L’adolescent Abu Safiya vit à Jabaliya ces années de mobilisation et de répression, avant de pouvoir quitter la bande de Gaza pour étudier la médecine au Kazakhstan. C’est là qu’il rencontre sa future épouse, avec qui il revient s’installer, en 1996, dans la bande de Gaza, partiellement évacuée par l’armée israélienne. En effet, l’OLP a signé, trois ans plus tôt, des accords de paix avec Israël, qui confient la gestion des trois quarts de l’enclave, ainsi que d’une partie de la Cisjordanie, à une « Autorité palestinienne » (AP) aux pouvoirs limités.
Abu Safiya se spécialise en pédiatrie et intègre le système public du ministère de la santé de l’AP. Cependant, le processus de paix israélo-palestinien s’effondre, d’où l’éclatement d’une deuxième Intifada, cette fois armée et marquée par les attentats-suicides, entre autres du Hamas. Israël retire, en 2005, son armée et ses colons de la bande de Gaza, livrée aux affrontements entre l’AP et le Hamas. En 2007, les islamistes palestiniens l’emportent, expulsant l’AP d’une enclave désormais sous blocus israélien.