L’interminable cortège, coloré et joyeux, s’étire entre les immeubles de la 7e avenue, à New York. Il est 14 heures en ce samedi 18 octobre et la manifestation contre Donald Trump est censée être terminée depuis une bonne heure. Mais le flot des opposants continue à s’écouler. Ils se congratulent pour leurs déguisements, se prennent en photo, s’amusent de l’inventivité sans limite des pancartes, détournant à l’envi le slogan du jour : « No Kings », (« pas de rois »), pour dénoncer la dérive jugée autoritaire du pouvoir. « C’est à ça que ressemble la démocratie ! » chantent-ils en chœur. A vrai dire, ils sont surtout soulagés d’être si nombreux. Une inscription résume le sentiment : « Quand les New Yorkais marchent aussi lentement, c’est que l’heure est grave ! »
Avec plus de 100 000 participants selon la police, le défilé à Manhattan était l’un des plus importants organisés dans le pays. A Washington, le rassemblement principal a vu se réunir près de 200 000 personnes selon les organisateurs. Los Angeles, Chicago, San Francisco… les images des grandes villes du pays montrent des foules impressionnantes. En tout, les organisateurs revendiquent la participation de sept millions de personnes, des chiffres difficiles à vérifier. Mais la donnée la plus parlante reste celle du nombre de mobilisations : 2 600 rassemblements étaient prévus à travers tout le pays, 600 de plus qu’en juin.
Il y a deux façons d’appréhender cette deuxième édition du « No Kings Day ». L’opposition, à l’instar du sénateur démocrate (Connecticut) Chris Murphy, cité par le Wall Street Journal, veut y voir « un moment décisif » face à « la prise de pouvoir autoritaire » de la Maison Blanche. Donald Trump et ses troupes dépeignent l’évènement comme un rassemblement « anti-américain » d’une petite frange d’« extrême gauche », décidée à en découdre.