En 2012, pendant la crise de la zone euro, la France a perdu son AAA sur sa dette publique, la meilleure note attribuée par les agences de notation. Une lente glissade débutait, d’abord dans les catégories AA, puis, depuis deux semaines, dans le A. Les 12 et 17 octobre, les agences Fitch et S&P (anciennement Standard & Poor’s) ont fait passer la France en A+, la cinquième meilleure note, à égalité avec l’Espagne ou le Portugal.
Il ne faut pas se méprendre sur la causalité. Les agences de notation sont de simples thermomètres, qui mesurent la santé déclinante des comptes publics français. Elles ne provoquent aucune panique sur les marchés financiers, qui ont constaté depuis longtemps le chaos politique ambiant et n’avaient pas besoin de ce rappel.
Mais ce qui inquiète, c’est le langage utilisé par les agences. Malgré des formules policées, celles-ci disent ne plus croire un mot des promesses du gouvernement, qui affirme que le déficit, qui devrait être de 5,4 % du produit intérieur brut (PIB) en 2025, sera réduit à 4,7 % en 2026.
Improbable, répliquent les agences. S&P prédit un déficit de 5,3 % du PIB en 2026, tandis que Fitch parie sur… une hausse de ce dernier à « 5,5 %-5,6 % ». Elles ne font que refléter le consensus des économistes. Ceux de la Société générale parlent de 5,5 %. En clair, la France a perdu toute crédibilité budgétaire auprès des marchés, des investisseurs internationaux et, surtout, de ses partenaires européens. La promesse faite à Bruxelles de revenir à 3 % de déficit d’ici à 2029 ne vaut pas plus que le papier utilisé pour l’imprimer.
C’est hautement dommageable. Non pas que la France risque la ruine à court terme. La possibilité d’une intervention du Fonds monétaire international, agitée par François Bayrou, est une grossière exagération, politiquement contre-productive. Pour l’instant, le pays continue à se financer sans problème : chaque émission de dette trouve de nombreux acheteurs. Les Français ont beaucoup d’épargne, l’économie demeure la septième plus importante au monde et elle est diversifiée.