En 2018, un tableau généré par intelligence artificielle (IA), le Portrait d’Edmond de Belamy, présenté par le collectif Obvious, se vendait 432 500 dollars (plus de 390 000 euros à l’époque) chez Christie’s. Depuis, ce que le philosophe Jim Gabaret, enseignant-chercheur à l’université Paris-I, nomme l’« IArt » n’a cessé de s’imposer sur le marché de l’art et dans les usages quotidiens des images, des musiques, des textes. L’Art des IA, le livre qu’il consacre à ce phénomène, s’efforce de dépasser la sidération que celui-ci continue de susciter, pour s’interroger sur ce qu’il nous apprend sur l’art et sur nous-mêmes.
La critique est bien sûr nécessaire. Ces IA énergivores, souvent opaques, monopolistiques et antidémocratiques s’entraînent sur une intelligence collective pillée sans autorisation. Elles affectent les métiers de l’art et de la culture comme nos existences affectives et sociales. Pourtant, la crainte de perdre notre exceptionnalité peut faire négliger les capacités créatives de l’IA.