Opérations américaines au Venezuela : « Pour les Etats-Unis, il s’agit de se réapproprier leur arrière-cour historique »

Il aura fallu un demi-siècle pour assister au renouveau de l’ingérence des Etats-Unis en Amérique latine. L’opération « Condor », la plus grande conspiration politique menée par Washington en Amérique latine, a commencé il y a cinquante ans, le 25 novembre 1975, à Santiago du Chili. Dans les locaux de la DINA (Direccion de Inteligencia Nacional), les directeurs des services de renseignement de l’Argentine, de l’Uruguay, du Paraguay, de la Bolivie et du Brésil se sont réunis à l’initiative de Manuel Contreras, directeur des services secrets du général Augusto Pinochet ? ce dernier avait ravi deux ans plus tôt, avec le soutien des États-Unis, la présidence du Chili au socialiste Salvador Allende, élu démocratiquement.

Né ce jour-là de la signature d’un accord multilatéral entre ces cinq pays – le Brésil ayant coopéré à partir de réseaux nationaux déjà en place – pendant une réunion classée secret-défense, le plan « Condor » est pensé comme le bras armé d’organisations anticommunistes telles que la Ligue anticommuniste mondiale ou la Confédération anticommuniste latino-américaine, toutes deux agissant dans l’ombre portée de l’idéologie américaine à travers le monde.

Car « Condor » est bien une machine de guerre qui vise à traquer et à neutraliser les opposants aux régimes des pays membres, à travers la collaboration des services secrets et des armées du continent. Les Etats-Unis fournissent le matériel informatique – nécessaire à l’élaboration de bases de données –, les fonds et le soutien total de la CIA. C’est une opération clés en main, à la gloire de l’idéologie états-unienne sur le continent sud-américain, dont le nombre de victimes est encore top secret, mais dont on estime qu’elle a laissé entre cinquante mille et quatre-vingt mille morts et disparus, un demi-million d’emprisonnements politiques et des centaines de milliers de cas de torture à travers tout le continent.

Les rouages de ce massacre organisé ont été mis au jour le 22 décembre 1992 par l’avocat paraguayen Martin Almada et son épouse Maria Stella Caceres, lorsqu’ils découvrirent, à Asuncion, les « archives de la terreur » de l’opération « Condor », aujourd’hui classées mémoire du monde par l’Unesco. Cette révélation historique a alors entraîné une discrète condamnation des instigateurs de « Condor » par la communauté internationale et a permis le retour à l’ordre démocratique en Amérique latine.

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