Les paramilitaires soudanais ont affirmé, dimanche 26 octobre, avoir fait tomber la ville d’El-Fasher, après avoir pris le quartier général de l’armée dans la dernière grande ville du Darfour qui échappait à leur contrôle. Les Forces de soutien rapide (FSR) « annoncent avec fierté avoir pris le contrôle de la ville d’El-Fasher », a annoncé un communiqué sur leur chaîne Telegram officielle.

L’armée soudanaise est restée silencieuse, mais le comité de résistance populaire, un regroupement civil allié de l’armée, a démenti que la prise du quartier général puisse être assimilée à la chute de la ville. La population d’El-Fasher « résiste face aux milices », affirme le comité, en évoquant une « phase importante et critique » des combats après dix-huit mois de siège.

N’ayant pas accès à El-Fasher, l’Agence France-Presse (AFP) ne peut apprécier de visu la situation sur le terrain ni vérifier les assertions des deux camps, engagés dans une guerre de pouvoir depuis avril 2023.

Les FSR avaient annoncé dimanche matin, dans un premier communiqué de « victoire », avoir pris le contrôle du quartier général de l’armée, « brisant ainsi la puissance de l’armée », montrant à l’appui une série de vidéos – des images à l’intérieur du quartier général et des scènes de célébration dans d’autres villes du pays.

Depuis août, les FSR ont intensifié les tirs d’artillerie et les attaques de drones pour faire tomber El-Fasher, dans l’ouest du Soudan, grignotant progressivement les positions de l’armée et prenant le contrôle de plusieurs quartiers.

Les frappes quotidiennes ont poussé de nombreux habitants à se réfugier dans des abris de fortune creusés dans les cours. Selon l’ONU, 260 000 civils, dont la moitié sont des enfants, manquent de nourriture, d’eau et de soins, alors que la ville est presque à court de tout. Plus d’un million de personnes ont fui la ville depuis le début de la guerre.

Selon des images par satellite analysées par le Humanitarian Research Lab (HRL), de l’université Yale, El-Fasher est ceinturée par près de 68 kilomètres de remblais, avec pour seule issue un couloir de trois à quatre kilomètres. La prise de la ville, si elle se confirme, représenterait un tournant majeur dans la guerre entre le général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, commandant de l’armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d’Etat de 2021, et le général Mohammed Hamdan Daglo, à la tête des FSR.

Depuis avril 2023, le conflit a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé des millions de personnes, et provoqué ce que l’ONU qualifie de « pire crise humanitaire » actuellement dans le monde.

Malgré des efforts internationaux pour un cessez-le-feu, les deux camps, tous deux accusés d’exactions sur les civils, restent sourds aux appels à la trêve, alors que, selon les experts, le pays est menacé de partition. Vendredi, de nouveaux pourparlers de paix se sont tenus à Washington entre les Etats-Unis, l’Arabie saoudite, l’Egypte et les Emirats arabes unis. Ce groupe de médiateurs, connu sous le nom de « Quad », a appelé à « faire avancer les efforts collectifs vers la paix et la stabilité au Soudan » et une transition vers un régime civil, selon Massad Boulos, l’émissaire américain pour l’Afrique.

Les quatre pays ont également réitéré une proposition formulée en septembre lors de pourparlers indirects, aussitôt rejetée par le gouvernement soudanais formé par l’armée. Le texte prévoit une trêve humanitaire de trois mois, à laquelle succéderaient un cessez-le-feu permanent et une transition de neuf mois vers un gouvernement civil, avec notamment l’exclusion du gouvernement actuel et des FSR du paysage politique post-conflit.

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